Cours d’agriculture (Rozier)/BLÉ DE VACHE


BLÉ DE VACHE, (melampyrum arvense.) Des observations sans doute postérieures à l’époque à laquelle les auteurs de la première partie de cet ouvrage ont rédigé cet article, ont suffisamment appris que le blé de vache, connu sous les noms de mélampyre des champs, queue de renard, queue de loup, rougeole, rougette, herbe-rouge, rouge-herbe, cornette, mahon, étoit une plante très-nuisibles à la culture des céréales, en ce sens que, croissant dans les champs, et que ses semences se trouvant souvent mêlées au grain, et portées au moulin avec lui, la farine qui provient de ce mélange fournit un pain de couleur noire ou rougeâtre, et d’une saveur plus ou moins amère, selon que le mélampyre y domine. C’est donc une plante nuisible ; le moyen le plus sûr d’en garantir les blés, seroit d’ôter les semences qui se trouvent mêlées au grain qu’on destine à l’ensemencement ; et si, malgré ce soin, cette mauvaise herbe naissoit encore, il faudroit l’arracher avant qu’elle fût en fleur, selon l’usage pratique dans plusieurs parties de la France.

On a proposé de la cultiver, comme plante fourrageuse, dans les mauvais sols, où elle croît toujours très-bien : considérée sous ce point de vue, elle seroit avantageuse comme fourrage vert, parce que les animaux la recherchent et la mangent avec avidité ; mais comme elle ne croît nulle part où ne prospère le sainfoin, et que celui-ci produit plus, et a d’ailleurs l’avantage d’être vivace, il doit être préféré au mélampyre, qu’il faudroit toujours, même en en faisant une prairie artificielle, redouter comme un mauvais voisin qui pourroit nuire aux champs d’alentour. (Tollard aîné.)