Cours d’agriculture (Rozier)/ASTER

Hôtel Serpente (Tome secondp. 52-53).


ASTER, ou Œil de Christ. M. Tournefort place cette plante dans la quatrième section de la quatorzième classe, qui comprend les herbes à fleurs radiées, & à semences couronnées d’aigrettes. Il l’appelle, d’après Bauhin, aster atticus cœruleus vulgaris. M. le chevalier Von Linné la classe dans la singénésie polygamie superflue, & la nomme aster amellus.

Fleur, radiée, c’est-à-dire, composée de fleurs à fleurons, & de fleurs à demi-fleurons, (voyez ces mots) portées sur le même calice D ; les fleurons C occupent le centre de la fleur nommé disque, (voyez ce mot) & les demi-fleurons B, la circonférence appelée couronne. Les fleurons sont hermaphrodites, & les demi-fleurons femelles. Le calice commun à ces deux espèces de fleurs, est représenté en D.

Fruit ; les semences E sont solitaires, ovales, couronnées d’une aigrette simple.

Feuilles, d’une seule pièce, nullement portées par des pétioles, mais adhérentes à la tige ; elles sont entières, oblongues, rudes, marquées de trois nervures.

Racine A, rameuse, fibreuse.

Port. Les tiges sont herbacées, hautes de plusieurs pieds, dures, rameuses ; elles se partagent à leurs sommités, en plusieurs petites branches terminées par des fleurs bleues, quelquefois violettes ou purpurines, quelquefois blanches & jaunes dans le milieu. Les feuilles sont placées alternativement le long des tiges.

Lieu. Les collines de l’Europe méridionale ; cultivée dans les jardins. La plante est vivace par ses racines ; elle fleurit au commencement de l’automne.

Propriétés. Ses feuilles ont un goût légérement amer & aromatique. On les regarde comme apéritives, résolutives & détersives. Elle est utile dans les inflammations de la gorge, & il n’est pas prouvé qu’elle le soit contre les morsures des bêtes venimeuses.

Culture. La forme élégante des tiges, la multiplicité des fleurs à leur sommet, leurs couleurs tranchantes, ont fait rechercher cette plante pour les jardins, où elle figure très-bien dans les grandes plattes-bandes.

On sème la graine au commencement ou à la fin de Mars, suivant le climat, dans une terre légère, un peu chargée de terreau, & elle lève facilement. Dès que la plante est un peu forte, on la tire de la pépinière pour la mettre en place. Dès qu’on a un pied de cet aster, il est facile de le multiplier par boutures, parce que la racine trace beaucoup, & même c’est un défaut. Si on n’avoit pas soin chaque année, ou au moins tous les deux ans, de cerner ses racines, elles s’empareroient de toute la platte-bande, & détruiroient les autres plantes. Le tems de lever les boutures est avant ou après l’hiver ; la première saison vaut mieux, & on saisit le moment où les fleurs sont passées.