Cours d’agriculture (Rozier)/ARGOT

Hôtel Serpente (Tome premierp. 670).
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ARGOT. Terme de jardinage, qui signifie l’extrémité d’une branche morte qu’un jardinier négligent a laissée en taillant un arbre. Le mot d’argot vient de la ressemblance de ce morceau de bois saillant sur la souche, avec ce prolongement cornu qu’on voit aux pattes des coqs, des dindes, &c.

M. de Schabol s’explique ainsi : « Il est rare de trouver des arbres qui n’en soient pas couverts, & rien ne leur est plus préjudiciable. Ces argots empêchent la séve de recouvrir l’endroit de ces branches coupées, & ces bois morts causent la pourriture & les chancres. C’est la même chose pour les arbres, que quand un chirurgien mal adroit & négligent laisse à nos plaies des chairs mortes ou des chairs baveuses. Outre que de telles plaies ne peuvent se refermer, ni se recouvrir, la gangrène s’y met souvent ».

L’analogie entre la végétation d’un arbre & celle d’un homme est exacte. Dans l’arbre, il faut que l’écorce recouvre la plaie, & fasse disparoître les traits de la branche coupée ou de la branche morte ; sur l’homme, la peau remplit les mêmes fonctions ; mais sur tous les deux, la cicatrice reste apparente, parce qu’il ne se fait de régénération des chairs sur l’un, ni de régénération de bois sur l’autre ; ce qui est détruit l’est pour toujours.

Dès-lors, on doit sentir de quelle importance il est de ne laisser aucun argot, ce qui est d’ailleurs très-désagréable à la vue.