Cours d’agriculture (Rozier)/ANAGYRIS

Hôtel Serpente (Tome premierp. 510-511).


ANAGYRIS, ou Bois puant. M. Tournefort place cet arbrisseau dans la deuxième section de la vingt-deuxième classe, qui comprend les arbres à fleurs papilionnacées qui ont leurs feuilles disposées trois à trois sur chaque pétiole, & il l’appelle anagyris fœtida. M. le chevalier Von Linné lui conserve la même dénomination, & il le place dans la décandrie monogynie.

Fleur, imitant les papilionnacées. Son étendard est en forme de cœur, droit, large, échancré, très-court ; les ailes ovales, oblongues, planes, plus longues que l’étendard ; la carenne droite, très-allongée, plus longue que les ailes ; le calice en forme de cloche, découpée en cinq dentelures. Cette fleur a dix étamines séparées & un pistil.

Fruit. Légume oblong, presque cylindrique, un peu recourbé & obtus ; les semences ont la forme d’un rein.

Feuilles, soutenues par des pétioles, composées de trois folioles presque égales, entières, ovales, aiguës ; les pétioles sont plus courts que les folioles.

Racine, ligneuse, rameuse.

Port. Arbrisseau de huit à dix pieds de haut, droit, rameux, les rameaux alternes ; l’écorce de couleur cendrée, puante, si on la frotte un peu fortement. Les fleurs naissent aux aisselles des feuilles, rassemblées en bouquets, & plusieurs sont portées sur le même péduncule ; les feuilles sont alternes, & on trouve des stipules opposées aux feuilles.

Lieu. L’Espagne, les montagnes d’Italie, de Languedoc & de Provence. Il fleurit en Avril. Ses fleurs sont d’un beau jaune.

Propriétés. On lui attribue une vertu emménagogue & antihystérique ; les feuilles passent pour résolutives, & les semences pour vomitives.

Culture. Cet arbuste réussit mal dans les provinces un peu septentrionales de France ; il lui faut alors une exposition au midi & bien abritée des vents froids. Si on le place dans des bosquets, des arbres toujours verds le garantiront, & il vaut encore mieux l’environner de paille pendant l’hiver.

On le multiplie de semences & par marcottes. Au renouvellement du printems, les grains sont confiés à une terre légère & bien préparée, & même sur une couche de fumier. Il convient de laisser les jeunes plantes passer deux à trois hivers sous des chassis & dans des pots. À la troisième année, elles seront dépotées & mises avec leurs mottes dans le lieu abrité qu’on leur destine.

La marcotte s’opère dans les premiers jours d’Avril ; elle demande d’être arrosée pendant l’été ; & avant que l’arbuste perde ses feuilles, elle sera séparée du tronc & plantée à demeure, si elle est suffisamment enracinée, sans quoi on la placera dans un pot qui passera l’hiver suivant sous le vitrage.