Hôtel Serpente (Tome premierp. 502).


AMER. On donne ce nom à des médicamens tels que le quinquina, la rhubarbe, la serpentaire de Virginie, le gingembre, le calamus aromaticus, le galanga, l’écorce d’orange, l’absynthe, la centaurée, la gentiane, le fiel des animaux, l’aloès, &c. ces médicamens ont une saveur rude & désagréable à la langue.

L’usage de ces médicamens est bien plus étendu, & bien plus utile qu’on ne le croit ; ils conviennent singuliérement dans toutes les maladies de l’estomac qui ne sont pas inflammatoires ; & comme presque toutes les maladies qui naissent de cachexie, ou de dépravation des humeurs, ont commencé par un dérangement dans les fonctions de l’estomac, on prévient beaucoup de ces maladies en faisant usage des amers.

C’est par une suite nécessaire de ce que nous venons de dire, que dans les maux de nerfs & dans certaines maladies de la poitrine, les amers procurent un si grand avantage à ceux qui en font usage. Presque toutes les maladies de nerfs viennent de foiblesse dans les parties nerveuses : les amers ont la vertu de relever le ton des parties, d’en augmenter la chaleur & d’accélérer le mouvement ; alors, l’équilibre se rétablit, & la santé ne tarde pas à paroître.

Dans les maladies de la poitrine qui ne sont pas inflammatoires, presque tous les symptômes effrayans qui annoncent la destruction, ne reconnoissent pour cause que les ravages faits dans la substance foible, délicate, & peu sensible du poumon par les parties âcres du sang. Les amers, en rétablissant la digestion, empêchent la formation de nouvelles crudités, & joins aux remèdes indiqués, ils parviennent à détruire cette maladie affreuse qui entraîne au tombeau tant de victimes de l’ignorance & des préjugés.

Dans les articles qui traiteront des maladies de nerfs & de poitrine, nous aurons occasion de revenir sur les amers, & nous indiquerons la manière de les employer avec succès. M. B.