Cours d’agriculture (Rozier)/AMBRE

Hôtel Serpente (Tome premierp. 472).


AMBRE. Les auteurs ne sont pas d’accord sur l’origine de cette substance légère, opaque, de couleur cendrée, & parsemée de petites taches blanches. Les uns pensent que c’est l’excrément de la babine ; d’autres que c’est une fiente d’oiseaux ; ceux-ci un mélange de miel & de cire, cuits & digérés par le soleil & par le sel marin ; ceux-là, & avec plus de raison, croient que c’est une sorte de bitume qui coule du sein de la terre dans la mer, sous une forme liquide, & qui s’épaissit ensuite. On le trouve sur les bords de la mer, sur-tout après les tempêtes. On reconnoît le bon ambre gris, lorsqu’en le piquant avec une aiguille chaude, il rend un suc gras & odoriférant ; il est en partie dissoluble dans l’esprit de vin, & en partie dans l’eau. Il y a quelques années, que la passion de la nation françoise pour l’odeur d’ambre étoit allée à l’extravagance. Tout étoit ambré, jusqu’au papier à lettres. Heureusement cette frénésie n’a pas duré long-tems : les parfumeurs seuls y trouvoient leur compte.

Il y a encore un ambre blanc, qui ne diffère du précédent que par sa couleur & son odeur moins active. Il est inutile de parler de l’ambre noir ou renardé. On falsifie l’ambre gris avec des gommes & autres drogues, lorsqu’il est nouvellement sorti de la mer, & sur-tout avec la fine fleur de la farine de riz.

On dit que l’ambre gris fortifie le cœur, l’estomac & le cerveau. On auroit beaucoup plus de raison de dire qu’il attaque les nerfs, & que son usage habituel nuit essentiellement à l’odorat. On avoit dit qu’il étoit avantageux dans les maladies convulsives des enfans, dépendantes des matières acides dans les premières voies. Détruisez la cause par l’usage des absorbans, & l’ambre sera inutile. On l’emploie assez vainement dans plusieurs préparations pharmaceutiques.


Ambre jaune, ou Succin. (Voyez Succin)