Cours d’agriculture (Rozier)/AGRIPAUME ou CARDIAQUE

Hôtel Serpente (Tome premierp. 287-288).


AGRIPAUME, ou CARDIAQUE. (Voyez Planche 7) M. Tournefort place cette plante dans la classe des fleurs labiées, & la nomme Cardiaca. J. B. Le chevalier Von Linné la range dans la didynamie gymnospermie.

Fleur, à deux lèvres ; la supérieure pliée en gouttière, obtuse à son extrémité, arrondie, entière, velue, beaucoup plus longue que l’inférieure, qui est divisée en trois, & repliée. La couleur de la fleur est d’un rouge pâle. En B, la fleur est vue de profil. C fait voir la fleur de profil avant son épanouissement, & les poils qui recouvrent la corolle. D montre la fleur en face ; E le pistil divisé en deux stigmates à son sommet, & il repose au fond du calice F. Ce calice est un tube découpé par cinq dents aiguës, évasé à son sommet, & diminué à sa base G.

Fruit, quatre semences H, oblongues, triangulaires, renfermées dans le fond du calice.

Feuilles. Celles du bas de la tige sont arrondies, profondément divisées en trois lanières, dentelées en leur bord ; celles de la tige sont lancéolées & à trois lobes ; les supérieures sont quelquefois simplement lancéolées, & sans aucune division.

Racine, garnie de fibres, qui sortent comme d’une tête A.

Port. Les tiges s’élèvent dans les bons terrains, quelquefois à la hauteur d’un homme. Elles sont nombreuses, quarrées, épaisses, fermes & dures ; les feuilles sont opposées, portées deux à deux le long des tiges, soutenues par un fort long pétiole. Les fleurs naissent plusieurs ensemble, adhérentes à la tige dans l’endroit qui donne naissance au pétiole.

Lieu. On la cultive dans les jardins, où elle figure assez bien ; on la trouve communément dans les terrains pierreux, contre les haies.

Propriétés. Toute la plante a une odeur forte & une saveur un peu amère. Elle est cordiale, tonique, incisive, apéritive. Les feuilles échauffent, favorisent l’expectoration, constipent, accélèrent la digestion, lorsqu’elle est dérangée par foiblesse d’estomac ou par l’abondance des humeurs pituiteuses. Elles sont indiquées dans un grand nombre de maladies de foiblesse, dans le rachitis, dans l’asthme humide, le météorisme avec foiblesse, la rétention du flux menstruel, dans les pâles couleurs, & les maladies causées par les vers chez les enfans, lorsqu’il n’y a ni fièvre, ni soif, ni inflammation : elles sont nuisibles dans les maladies convulsives.

Usage. On se sert assez inutilement de ses feuilles écrasées, pilées & appliquées sur les ulcères fœtides & sanieux, quoiqu’on les ait beaucoup vantées. L’usage intérieur des feuilles récentes est depuis deux drachmes jusqu’à une once, en infusion dans six onces d’eau ; les feuilles sèches, depuis une drachme jusqu’à demi-once, en infusion dans la même quantité d’eau.