Cours d’agriculture (Rozier)/ACCRUE


ACCRUE, terrain sur lequel un bois s’est étendu de lui-même par les rejetons des racines, ou par le semis naturel des graines tombées des arbres. L’accrue encore jeune appartient au propriétaire du sol ; mais, s’il laisse écouler trente années sans exiger que le bois voisin de sa terre en soit séparé par un fossé, ainsi que l’ordonnent les règlemens, l’accrue fait irrévocablement partie de la forêt qui l’a produite. C’est, du moins, l’opinion d’hommes versés dans la jurisprudence forestière, et, en particulier, celle de M. Campestri, ancien ingénieur pour l’aménagement des forêts royales, et auteur d’un fort bon Dictionnaire Forestier.

Il est d’une très-grande importance, soit pour les propriétaires, soit pour les arbitres ou les juges de leurs contestations, de connoître l’âge des accrues, des taillis, etc. Voici la méthode indiquée par M. Campestri : choisissez dans une cépée un brin des plus gros ; faites-le couper par le pied, et raser obliquement en descendant de l’écorce sur le centre qui est toujours marqué ; comptez ce centre pour la première année, et ajoutez-la au nombre des cercles qui se trouvent entre lui et l’écorce inclusivement, le total donnera celui des années requises. Cette manière de connoître l’âge des arbres par le nombre des cercles concentriques de leur couche ligneuse est assez généralement connue ; mais il n’étoit pas inutile de la rappeler dans cet article, dont le sujet est une occasion fréquente de difficultés entre les propriétaires ruraux ou leurs fermiers. (S.)