Cours d’agriculture (Rozier)/ABOIS


ABOIS, (Chasse.) Quand l’animal poursuivi par les chasseurs et les chiens, et sentant ses forces épuisées, s’arrête devant eux, on dit qu’il est aux abois ou qu’il tient les abois. Il rend les derniers abois, lorsqu’il tombe outré de lassitude et prêt à expirer. C’est le moment du triomphe du chasseur sur un être foible, et la plupart du temps innocent et sans défense, qu’il a excédé, dont il prolonge les souffrances et contemple avec joie les derniers soupirs. En célébrant par des cris et des fanfares une ombre de victoire qui lui fait illusion, l’homme semble proclamer sa propre insensibilité. L’habitude de pareils exploits, quoique dirigée par l’attrait du plaisir, affaiblit les sentimens de pitié que la nature a gravés dans les cœurs, et dispose à la dureté. Ce qui a fait dire à J.-J. Rousseau, que la chasse est un exercice propre à endurcir le cœur aussi bien que le corps. (Sonnini.)