Cours d’agriculture (Rozier)/ÉTAIN, ÉTAMAGE

Hôtel Serpente (Tome quatrièmep. 363-369).


ÉTAIN, ÉTAMAGE. (Économie) Ce métal, d’une couleur blanche & brillante, d’une mollesse & d’une ductilité singulière, est trop employé dans les usages communs, & sur-tout pour la plupart des ustensiles que l’homme d’une fortune médiocre emploie dans son ménage, pour que nous le passions sous silence. Nous ne le considérerons pas ici comme naturaliste, ni comme chimiste ; ces deux objets sont trop éloignés du plan que nous nous sommes proposés ; mais l’intérêt public demande que nous traitions ici la fameuse question : l’étain est-il un métal dangereux, & le devient-il par un mélange naturel de l’arsenic dont on ne peut pas le dépouiller ? Nous renvoyons pour tout le reste, aux ouvrages de chimie & d’histoire naturelle qui traitent de ce métal, de ses mines, de la manière de les exploiter, & de ses combinaisons avec les différentes substances.

De l’usage de l’étain. L’usage de l’étain remonte aux temps les plus reculés de l’antiquité ; non-seulement on en faisoit des ornemens, comme il paroît d’après Homère, qui dit que les héros grecs ornoient de plaques d’étain les chevaux qui traînoient leurs chars dans les combats ; mais encore on le faisoit entrer, comme alliage, dans la préparation des métaux, soit pour les colorer, soit pour leur donner plus de facilité à être travaillés. C’est ainsi que Vulcain, suivant Homère, employa ce métal pour représenter la haie qui entouroit une vigne, si artistement ciselée sur le bouclier d’Achille. L’époque où l’on s’est servi de ce métal, pour en faire de la vaisselle, n’a pu être la même pour les grecs, les romains, les gaulois & les bretons. Les grecs ne l’ont connu assez abondamment, pour l’employer à cet usage, que vers le temps où le commerce des carthaginois avec la Grande-Bretagne le rendit plus commun. La conquête des gaules par César, l’introduisit, selon toutes les apparences, à Rome, tandis que les bretons & les gaulois, leurs voisins, l’employoient dans leur cuisine & sur leurs tables.

L’art de l’étamage suivit de près celui du potier d’étain ; & Pline nous apprend que, de son temps, on étamoit les vaisseaux de cuivre, pour les préserver de la rouille, & empêcher le goût désagréable que contractoient les substances qui y étoient contenues. Ils employoient aussi au même usage l’argent fin, puisqu’on a trouvé, dans les ruines d’Herculanum, des casseroles de cuivre, garnies en dedans d’une lame épaisse d’argent fin. Les gaulois, suivant lui, avoient encore trouvé le moyen d’allier le cuivre & l’étain, & d’en faire un métal mixte, si beau, qu’il étoit difficile de le distinguer de l’argent. Le commerce des nations européennes avec les Indes, où l’on trouve beaucoup de mines d’étain, a rendu ce métal infiniment commun ; enfin, il l’est devenu à un tel point, que presque tous les ustensiles des habitans des villes, & encore plus des campagnes étoient d’étain, jusque vers le milieu de ce siècle. L’art d’émailler, avec l’étain, les vaisseaux de terre cuite naquit en Italie dans la petite ville de Faenza, d’où ce genre de vaisseaux a pris le nom de faïence. Bernard Palissy, cet homme de génie, infiniment supérieur à son siècle, vint à bout de deviner le procédé dont les italiens faisoient un secret, & après quinze ans de travaux & de peines, il parvint à faire de la faïence. L’usage de la faïence d’abord, le luxe ensuite ; enfin, les alarmes que quelques chimistes modernes ont répandu sur les dangers de l’étain, ont beaucoup diminué l’usage de ce métal, sur-tout pour la vaisselle, & l’ont relégué pour ainsi dire chez les habitans de la campagne, & dans les maisons religieuses, & les grandes communautés ; ce n’est pas cependant qu’on ne l’emploie encore dans la fabrication d’un très-grand nombre d’ustensiles, comme de grands bassins d’étain, des fontaines, de gros flacons ; on s’en sert pour étamer toute la batterie de cuisine faite en cuivre, dans laquelle on prépare tous les jours nos alimens ; les parties intérieures des alambics, leurs serpentins, les mesures employées pour la vente des liquides, &c. &c.

On étoit tranquille sur son usage ; quelques auteurs même, comme le célèbre médecin Schulz, en avoient fait l’éloge, lorsque M. Margrass, fameux chimiste de Berlin, en 1746 & 47, fit imprimer, dans le Recueil de l’Académie de Berlin, deux Mémoires où il démontroit que ce métal contenoit de l’arsenic. L’alarme se répandit bientôt, sur-tout en France, où l’on est extrême en tout & où l’on applaudit, ou bien l’on blâme avec excès long-temps avant que d’avoir examiné & réfléchi sérieusement. On commença par proscrire l’étain ; on proposa de tous côtés de nouveaux mélanges métalliques, de nouvelles préparations, de nouveaux étamages ; l’alarme & la terreur augmentèrent en raison des efforts que l’on faisoit pour bannir l’étain des usages économiques : enfin, le magistrat chargé de veiller, à Paris, à la santé du citoyen, & à la sureté publique, se crut obligé d’éclaircir la question, afin d’en empêcher absolument l’usage, s’il étoit réellement dangereux. MM. Rouelle, Bayen & Charlard furent chargés de sa part d’examiner & de constater par des expériences, si l’étain étoit réellement dangereux, ou s’il ne l’étoit pas. M. Rouelle étant mort, M. Bayen publia, par ordre du gouvernement, en 1781, ses Recherches chimiques sur l’étain. D’après un travail très-intéressant qui décèle le profond chimiste & le savant sage qui se guide sans cesse à la clarté du flambeau de l’expérience, il conclut que l’étain pur n’est point dangereux, & qu’il ne le devient que par l’alliage avec une trop grande quantité de plomb ou de cuivre.

Assurer une vérité ne suffit pas pour des gens prévenus ou ignorans ; il faut encore la démontrer & la rendre, pour ainsi dire, palpable ; c’est ce que nous nous crovons obligés de faire ici, en prouvant que l’étain pur n’est point dangereux, mais que l’étain du commerce peut l’être, & que réellement il l’est quelquefois.

L’étain pur ne contient point d’arsenic, & n’est point dangereux. Lorsque nous avons dit au mot Alembic, tome I, pag. 356, que l’étamage en zinc seroit préférable à celui d’étain, nous l’avons considéré par rapport à la durée, & parce que l’étain, employé à étamer des vaisseaux de cuivre, est toujours mêlé d’une portion de plomb qui est dangereuse. Ici nous allons le considérer pur & sans mélange, & ce que nous dirons n’impliquera point contradiction. L’étain nous vient de deux endroits principaux, d’Angleterre & des Indes ; celui qui nous est apporté des Indes, porte le nom de banca & de malaca, ou simplement de Malac. Le banca arrive sous la forme de petits lingots quarrés, qu’on appelle, à cause de leur forme, chapeaux ou écritoires, & ils pèsent environ une livre ; le malac est en gros lingots oblongs, du poids de 45 à 50 l. Ces deux étains sont très-purs ; au contraire, celui qui nous vient d’Angleterre en lingots d’environ 300 liv., est toujours mélangé, & a reçu, en Angleterre même, l’alliage prescrit par la loi du prince. Enfin, l’étain du commerce ouvragé & vendu par les potires d’étain est de trois qualités différentes, & porte aussi trois noms, l’étain fin, l’étain commun, & l’étain claire-étoffe.

M. Margraff, en dissolvant dans de l’eau régale de l’étain, crut y reconnoître & y démontrer de l’arsenic. M. Bayen (ouvrage cité) a répété, avec l’exactitude la plus scrupuleuse, les expériences du chimiste de Berlin, sur les étains banca, malac, & sur un étain qu’on lui avoit fourni, comme de l’étain d’Angleterre très-pur & sans alliage ; &c il ne lui a jamais été possible d’y découvrir le moindre vestige d’arsenic. Tous les mêmes phénomènes que M. Magraff avoit observés, se ont présentés à M. Bayen, & la poudre blanche que le savant de Berlin, avoit prise pour de l’arsenic, ne s’est trouvée n’être un sel soluble dans l’eau, & résultant de la combinaison de l’eau régale avec l’étain, & point du tout arsenicale, non-seulement, il a eu fois ce résultat ; mais, il l’a répété jusqu’à huit fois sur chaque étain, & jamais il n’a trouvé le moindre indice d’arsenic. M. Bayen a été plus loin encore, l’analyse ne lui suffisant pas pour démontrer cette vérité, il a eu recours à la synthèse, & en alliant de l’arsenic à l’étain, il en a composé un nouveau métal qui avoit des propriétés différentes de l’étain pur, qui se comportoit aussi différemment avec les acides, mais qui ne pouvoit jamais soustraire la plus petite portion possible d’arsenic à l’analyse, puisque, par un procédé très-simple & très-ingénieux, il est parvenu à démontrer la présence de cette substance si dangereuse.

Il a donc conclu avec raison, que les étains de Banca, de Malaca, & d’Angleterre pur, étoient aussi purs qu’il est possible de l’être. S’ils sont purs, la question est bientôt résolue ; ils ne sont nullement dangereux, & leur usage ne peut aucunement altérer la santé du citoyen. Mais ces étains si purs ne peuvent être d’aucune utilité dans nos ménages ; leur mollesse & leur flexibilité s’y oppose ; il faut nécessairement les allier avec d’autres métaux, pour leur donner la solidités la roideur nécessaires pour pouvoir être travaillés & conserver la forme qu’on leur donne. Cet alliage se fait, pour l’étain d’Angleterre, dans les fonderies même d’Angleterre, et pour celui des Indes, dans les atteliers des potiers d’étain. Nous désignerons ces étains sous le nom général d’étain de commerce, et nous allons examiner s’ils sont dangereux, et pourquoi ils le sont.

L’étain de commerce est-il dangereux ! Nous suivrons encore M. Bayen pour cette seconde question ; éclairés par ses travaux, nous allons réduire cette fameuse question au point juste où elle doit être. L’étain de commerce d’Angleterre, est allié ou naturellement ou artificiellement à une portion de cuivre, qui ne va à la vérité, au plus qu’à une demi livre par quintal, ce qui est très-peu. Il ne contient pas de plomb ; mais tous les échantillons, que ce savant chimiste a essayés, lui ont donné des atomes de régule d’arsenic ; les uns  ; d’autres la moitié moins, , ce qui est encore bien peu.

L’étain de commerce des potiers d’étain, pour acquérir plus de solidité & de ténacité, est allié avec diverses substances métalliques, comme le cuivre, le bismuth, le zinc, le plomb, & quelquefois le régule d’antimoine.

La loi autorise les potiers d’étain, à allier ce métal avec le cuivre & le bismuth, pour former l’étain fin, en les laissant libres de faire le mélange à volonté. Le public n’a pas à craindre qu’on en abuse, le cuivre &c le bismuth étant d’un prix égal & même supérieur à celui de l’étain ; de plus, ces deux substances employées, même à petites doses, donnent une grande dureté à l’étain ; l’ouvrier ne les allie à ce dernier qu’avec la plus grande circonspection, aussi cet alliage ne va-t-il qu’à deux livres, ou deux livres & demie de cuivre rouge au plus, & une livre de bismuth, sur quatre-vingt-dix-sept livres d’étain pur. Il est absolument défendu par la loi de mêler le plomb dans l’étain fin : il n’en est pas de même pour l’étain commun ; la loi, sans nommer ce métal, autorise le potier à le faire entrer dans les ouvrages qu’il fabrique & vend sous ce titre. Malheureusement, comme elle n’en a pas fixé la proportion, l’abus a été porté très-loin à cet égard. Autrefois on ajoutoit sept livres de plomb à quatre-vingt-treize livres d’étain fin, & c’étoit l’étain commun dont on faisoit la vaisselle & tous les ustensiles. Les choses ont bien changé depuis ce temps ; l’intérêt, qui ne calcule que son profit, & qui compte pour rien l’infraction des loix, la santé de ses concitoyens, pourvu qu’il augmente ses richesses, a porté le mélange jusqu’au quart par quintal ; & il n’est pas rare de trouver dans le commerce, de l’étain commun, qui contient vingt & vingt-cinq liv. de plomb.

L’alliage à moitié de plomb & d’étain, compose l’étain claire-étoffe, qui, à la vérité, n’est pas employé pour la fabrication des ustensiles de cuisine & de ménage ; on ne s’en sert guère que pour la soudure.

La nature de ces étains du commerce étant bien connue, examinons le degré de danger dont ils peuvent être.

1o. L’étain d’Angleterre contient, comme nous l’avons vu plus haut, de régule d’arsenic, & quelques-uns encore moins . Un tel étain est-il dangereux ? Si nous consultons l’excellent ouvrage de M. Bayen, il ne l’est pas. Il a nourri pendant très-longtemps, une chienne & un petit chien avec des substances qui avoient été préparées ou dans des vases d’étain, ou sur lesquelles il répandoit de la limaille d’étain, qui contenoient cette proportion & ils n’ont point été incommodés. Il a poussé l’expérience plus loin, puisqu’il a fait prendre à la chienne, des alimens dans lesquels il se trouvoit seize grains de limaille d’étain, allié à , & même à d’arsenic, sans qu’elle ait éprouvé le moindre malaise & la moindre incommodité. Si l’on réfléchit que, dans nos usages domestiques, nous ne mangeons pas de l’étain, que nous en avalons tout au plus un atome, lorsque nous mangeons des mets, ou nous buvons les liquides qui y ont séjourné ; que la portion de régule d’arsenic qui se trouve dans cet atome, n’en est que la 576me partie & même quelquefois que la 1152me ; que le régule d’arsenic est infiniment moins dangereux que sa chaux, & que l’arsenic ne peut s’allier à l’étain que dans son état métallique, ce qui diminue beaucoup sa propriété délétère ; qu’enfin ces atomes de régule d’arsenic sont intimement combinés avec l’étain, ce qui en rend absolument nulle sa qualité vénéneuse, on se rassurera sur l’usage de l’étain employé pour ustensile de cuisine & de table. Aussi la vaisselle qui ne seroit faite que de l’étain d’Angleterre, ne seroit-elle pas absolument dangereuse. Vingt siècles d’un usage habituel plaident assez en sa faveur, & démontrent mieux que tous les raisonnemens son innocuité.

On peut en dire autant de l’étain fin ou de l’alliage de deux livres à deux livres & demie de cuivre, d’une de bismuth & de 97 livres d’étain. Ce mélange masque tellement le cuivre, qu’il ne peut se décomposer, se réduire en vert de gris : la trop petite quantité de bismuth l’empêcheroit d’être nuisible, quand il le seroit naturellement, ce qui n’est pas démontré. Tous les jours nous nous servons de la vaisselle d’argent, qui, d’après la loi du prince, contient de cuivre, & l’on n’en craint pas l’usage : or, comme dit très-bien M. Bayen, si yingt-trois parties masquent une partie de cuivre au point de la priver entièrement de les mauvaises qualités ; nous pouvons croire que cinquante ou même quarante parties d’étain, l’en priveront encore plus sûrement. Il n’y a donc pas de danger à courir, en se servant de vaisselle & d’ustensiles d’étain fin au titre de la loi ; mais, par malheur, on n’en fait plus ; & il n’en existe peut-être pas dans tout le royaume. La faïence ayant fait disparoître en partie la vaisselle d’étain, les potiers ne trouvant plus un aussi grand débit de leurs ouvrages, n’ont plus travaillé qu’en étain commun ; & ils ont pris le parti d’introduire du plomb même en assez grande quantité, dans l’étain fin, & d’en mettre outre mesure dans l’étain commun. L’abus a fait naître le danger.

Ce n’est ni du cuivre ni du bismuth, comme nous venons de le voir, encore moins du zinc & du régule d’antimoine, dont les potiers d’étain peuvent abuser ; leur haut prix & l’aigreur qu’ils donnent à l’étain, lorsqu’ils sont en proportion un peu forte, les empêchera toujours de les employer au point de devenir dangereux.

Mais le plomb, ce métal à si bon marché & si dangereux, c’est lui dont les potiers d’étain abuseront toujours, tant qu’on ne veillera pas sur eux, tant qu’une loi sévère ne les forcera pas ou à l’exclure ou à ne l’employer qu’à une dose connue pour n’être pas dangereux.

Les recherches de M. Bayen l’ont convaincu que presque tous les vases que les ouvriers en étain font & vendent, contiennent de vingt à vingt-cinq livres de plomb par quintal. À cette qpse l’étain peut être dangereux, & il l’est certainement. Quoiqu’il n’agisse que lentement, il n’en est pas moins terrible, & ses ravages ne peuvent pas se prévoir, parce qu’ils se passent sourdement ; c’est un ennemi, qui, dans l’obscurité de la nuit, sappe en silence les fondemens de l’édifice ; le jour paroît, son œuvre d’iniquité est terminée ; il n’est plus temps d’y remédier, la maison s’écroule & écrase dans sa chute son malheureux maître, qui dormoit tranquillement dans le sein d’une trompeuse sécurité.

M. Bayen ayant fait séjourner, durant deux mois, dans une mesure de pinte d’étain, vendue pour du très-bon étain commun, du vinaigre distillé d’une moyenne force, il retira la liqueur, au fond de laquelle étoit une poudre blanche, qui, lavée & séchée, pesoit près de quinze grains ; c’étoit de la chaux d’étain. Le vinaigre mis à évaporer, donna encore onze grains & demi de sel de saturne ou de plomb. De quel danger n’est-il donc pas de garder dans de pareils vaisseaux du vin & d’autres liqueurs acidules ? & c’est cependant ce qui arrive tous les jours dans les communautés, les collèges & les maisons religieuses. Heureux, si la propreté & la vigilance des maîtres & des domestiques concourent à ne jamais les laisser séjourner dans ces vaisseaux, à les rincer & les nettoyer souvent !

D’après ces observations, conclurons-nous l’abolition totale des vaisselles & ustensiles d’étain ? Non, la faïence & la terre cuite font trop fragiles, l’argent trop cher, le cuivre même étamé trop dangereux, le fer trop incommode ; & l’étain est si bon marché, & d’un usage si étendu, que le peuple & cette classe de citoyens pour laquelle nous écrivons, & qui est la fin & le but de tous nos travaux, ne peuvent guère s’en passer. Mais, c’est au magistrat à veiller sur ses intérêts, & à forcer les potiers d’étain à se conformer à la loi.

On a été, jusqu’à présent, dans l’usage d’employer des vaisseaux de cuivre que l’on étame, ou que l’on recouvre d’une couche d’étain ; toutes nos batteries de cuisine sont de ce genre, ainsi que les alambics. On a beaucoup crié contre l’étamage en général ; on en a proposé de nouveaux, peut-être trop dispendieux, pour qu’ils puissent devenir communs ; mais il en est un qui nous paroît mériter la préférence, celui fait avec le zinc. (Voyez ce mot) Nous n’entrerons pas ici dans le détail de l’étamage, ce procédé regarde absolument l’art du chaudronnier. Il nous est impossible de corriger les abus des mauvais étamages ; les conseils sont notre seule ressource : puissent-ils être suivis autant que nous le désirons ! Nous n’avons en vue, que le bien & la santé de nos semblables.

Toutes les batteries de cuisine ne devroient être étamées qu’avec de l’étain des Indes, que nous avons reconnu être si pur. Il est plus cher à la vérité, mais payez l’étamage en proportion. Doit-on calculer avec ce qui intéresse la santé ? Il n’est pas nécessaire, comme quelques personnes l’ont pensé, d’augmenter l’épaisseur de la couche d’étain ; le peu d’épaisseur ordinaire suffit, pourvu que l’étain soit pur ; mais il faut renouveler souvent l’étamage, qui ne peut résister long-temps au mouvement & à l’action des substances qu’on y fait bouillir & cuire. Ce n’est pas que les graisses, de quelque nature qu’elles soient, aient une action directe sur l’étain ; & si celui de l’étamage disparoît bientôt, on doit l’attribuer au frottement ou des os ou de l’instrument dont on se sert pour remuer les substances que l’on y prépare.

Tenez vos casseroles propres, faites-les étamer souvent, & avec de bon étain des Indes, & vous n’aurez rien à craindre de son usage. M. M.