Cours d’agriculture (Rozier)/ÉPARVIN ou ÉPERVIN

Hôtel Serpente (Tome quatrièmep. 240-241).


ÉPARVIN ou ÉPERVIN, Médecine Vétérinaire. Nous distinguons trois sortes d’épervin : l’éparvin sec, l’épervin de bœuf, & l’éparvin calleux.

De l’éparvin sec. Nous désignons sous cette dénomination, une maladie externe, dont l’effet est de susciter une flexion convulsive & précipitée de la jambe du cheval qui en est attaquée, au moment où elle entre en action pour se mouvoir. Ce mouvement irrégulier est exprimé par le terme de harper. On s’en apperçoit dès les premiers pas que fait l’animal, & jusqu’à ce qu’il soit échauffé ; puisqu’alors, il n’est presque point visible, à moins que le mal ne soit parvenu à un certain période caractérisé par l’action continuelle de la jambe qui harpe toujours. Un cheval crochu avec ce défaut, devient presque totalement incapable de service.

Du siège de l’éparvin sec. Cette maladie n’existe point dans l’articulation du jarret, comme certains auteurs l’ont prétendu ; mais dans les muscles mêmes qui servent aux mouvemens de flexion ou dans les nerfs qui y aboutissent. Si le cheval paroît boiter au bout d’un certain temps, la claudication ne peut point être l’effet de cette affection, mais de quelque autre maladie qui survient ordinairement au jarret fatigué par la continuité de l’action forcée qui résulte de la flexion convulsive dont il s’agit.

De l’éparvin du bœuf. C’est une tumeur humorale qui occupe, dans le bœuf, presque toute la portion de la partie latérale interne du jarret.

Causes de l’éparvin du bœuf. Cette tumeur est produite dans cet animal, par des humeurs lymphatiques arrêtées dans les ligamens de l’articulation du jarret avec le tibia ou l’os qui forme la jambe. Elle est molle dans son origine, mais elle se durcit dans la suite par le séjour de l’humeur qui l’occasionne, & qui devient insensiblement plâtreuse. Le bœuf ne boite jamais dans le principe de ce mal, mais seulement à mesure que la tumeur s’accroît & se durcit.

Traitement. Les fomentations émollientes, & les cataplasmes de même nature, sont indiqués dans le commencement de la maladie, s’il y a inflammation, chaleur, douleur ; après quoi on termine la cure par les fréquentes frictions avec le vin aromatique, & l’eau-de-vie camphrée.

De l’éparvin calleux. Celui-ci est la seule tumeur qui devroit être regardée dans le cheval, comme éparvin. La tumeur est calleuse & son siège est dans l’os même, & à la partie du canon que les anciens appelloient éparvin, c’est-à-dire, à la partie latérale interne & supérieure de ce même os.

Ce gonflement de l’os étant produit par les mêmes causes que la courbe, & étant de même nature, on doit le traiter de même : ainsi voyez Courbe.

Nous voyons encore aujourd’hui, à la ville & à la campagne, confondre l’épervin avec la courbe : le siège de l’un & de l’autre sont bien différens, puisque celui-ci occupe la partie inférieure interne du tibia, tandis que celui-là se trouve placé à la partie supérieure interne du canon. M. T.