Coups d’ailes/Premier janvier

Bibliothèque de l’Action française (p. 85-86).

Premier janvier


Comme un vase dont le cristal s’est émietté
Sous la main qui venait y déposer des roses,
Un an est disparu, brutalement jeté
Au gouffre où vont mourir toutes les vieilles choses.

Il n’est plus, sauf peut-être où vit le souvenir.
Il n’est plus. Oh ! pourquoi faut-il donc que tout meure
Pourquoi sur le passé reposer l’avenir ?
Pourquoi vivre et lutter, puisque rien ne demeure ?


Pourquoi ? C’est que la vie émerge de la mort !
C’est que par le passé doit s’écrire l’histoire,
Et c’est que la richesse est faite de l’effort
Journalier, sans lequel il n’est pas de victoire !

C’est qu’il n’est point d’amour qu’il ne soit de douleur,
Qu’un plus doux parfum vient de la rose fanée,
Que l’âme se retrempe aux sources du malheur,
Et c’est qu’à l’an détruit succède une autre année !