Bibliothèque de l’Action française (p. 51-52).

Mon neveu


Petit Pierre est venu m’embrasser tout à l’heure
Il est resté dix jours, seul au milieu de nous.
Maintenant il s’en va joyeux, et moi je pleure :
C’est la gaieté qui part avec ses rires fous …

Par son air enjoué, petit Pierre m’attire.
Un rayon de soleil brille sur ses cheveux ;
Sur sa lèvre, le mot finit par un sourire…
Un ange a mis, je crois, tout le ciel en ses yeux.


Un rien l’amuse, un rien peut amener les larmes ;
Il aime les oiseaux, les bonbons et les fleurs.
Pour l’enfant de trois ans la vie a bien des charmes
Que ternissent plus tard le temps et les malheurs.

Il voudrait tout savoir sans peine et tout comprendre
Quand il parle, toujours revient le mot : pourquoi ?
Il sait dire : je veux ; mais ne sait pas attendre.
Il n’a pas de royaume, et voudrait être roi.

Mais un oncle, dit-on, doit se montrer sévère !
Il me semble que j’ai déjà des cheveux blancs ;
Tout comme les vieillards je regarde en arrière,
Et je me prends alors à n’avoir que trois ans.