Correspondance et Voyage à l’étranger/Introduction.

Introduction du traducteur


INTRODUCTION


I


Théodore Mikhaïlovitch Dostoïevski occupe dans la littérature russe une place tout à fait à part. Alors que la majorité des écrivains des années 40 appartiennent à la classe des propriétaires ruraux, Dostoïevski, lui, est un citadin ; et tandis que la plupart d’entre eux possèdent une certaine fortune, Dostoïevski est en Russie un des premiers représentants du prolétariat intellectuel.

Le père de Dostoïevski était médecin de l’hôpital Marie, à Moscou ; sa mère était la fille d’un marchand de Moscou, Netchaiev. Le docteur Dostoïevski eut sept enfants dont le second, Théodore, naquit le 30 octobre 1821. L’appartement de l’hôpital réservé au médecin n’avait que deux chambres et une cuisine, et toute la famille logeait là.

Les mœurs de la famille étaient très religieuses et patriarcales.

En 1831 les parents de Dostoïevski achetèrent une petite propriété dans le gouvernement de Toula, à 150 verstes de Moscou. Dès les beaux jours, la mère et les enfants s’installaient à la campagne pour tout l’été. Ces séjours à la campagne, d’après Th. Dostoïevski lui-même, lui laissèrent « une impression profonde pour toute la vie ». Néanmoins ce sont les impressions de la vie urbaine qui ont le plus fortement marqué le caractère de Dostoïevski et celui de ses œuvres.

L’instruction première des enfants Dostoïevski leur fut donnée par leur mère, ensuite ils eurent deux professeurs : un diacre qui leur enseignait l’histoire religieuse, et un certain Souchard qui leur donnait des leçons de français. Ce Souchard avait une école préparatoire ; on y mit les deux aînés. Le père s’était chargé des leçons de latin.

En 1834, Théodore Dostoïevski et son frère aîné Michel furent placés dans le célèbre pensionnat de Tchermak. La plupart des professeurs qui donnaient des leçons dans cet établissement appartenaient à l’Université.

Les parents de Théodore Dostoïevski organisaient souvent, le soir, des lectures auxquelles assistaient les enfants. C’est là que Théodore Dostoïevski fit connaissance avec les œuvres de Lomonossov, de Derjavine, de Joukovski, de Karamzine. Une fois entré au pensionnat, le cercle de ses lectures s’élargit, mais Dostoïevski donna toujours la préférence aux voyages, aux romans de Walter Scott et aux œuvres de Pouchkine.

Au commencement de 1837, Dostoïevski perdit sa mère. La même année le père amena ses deux fils aînés à Pétersbourg pour les faire entrer à l’École des Ingénieurs. Th. Dostoïevski avait alors quinze ans. Tout d’abord les garçons durent suivre un cours préparatoire, et, à cet effet, ils furent placés dans un pensionnat dirigé par un certain Kostomarov. Au commencement de l’année scolaire, Th. Dostoïevski fut admis à l’École des Ingénieurs, mais seul ; son frère Michel avait été refusé pour raison de santé.

Son penchant pour la littérature, qui de bonne heure se montra en Dostoïevski, ne lui laissait guère le goût des sciences appliquées qu’on enseignait à l’École des Ingénieurs. Toujours concentré en lui-même, pensif, sombre, le jeune garçon se liait peu avec ses camarades. Jour et nuit il restait plongé dans ses livres et noircissait de longues pages avec ses premiers essais littéraires. Il ne fut pas un élève très brillant, mais en revanche, pendant les mois passés à l’école, il étudia à fond Goethe, Schiller, Hoffmann, Victor Hugo, George Sand, Balzac et surtout Pouchkine. Sous l’influence de ce dernier il se mit à écrire un drame : Boris Godounov.

En 1839 le père de Dostoïevski mourut. Les enfante eurent pour tuteur le mari de leur tante, Karéline.

En 1843, Dostoïevski termina ses études d’ingénieur et entra au service de l’État, à Saint-Pétersbourg, en qualité de dessinateur du Département des Ingénieurs.


II


Après la sortie de l’École commença pour Dostoïevski une vie de labeur pleine de misères. On ne peut pas dire que Dostoïevski fût absolument sans ressources : il recevait de petits appointements et, de temps en temps, son tuteur lui envoyait de l’argent, de Moscou ; mais comme il était totalement privé de sens pratique, l’argent fondait entre ses doigts et il était toujours criblé de dettes. C’est un trait caractéristique qui passe à travers toute sa vie. Jusqu’à son dernier jour il se plaint du manque d’argent, emprunte, prend des avances, et n’arrive jamais à joindre les deux bouts.

La situation matérielle de Dostoïevski devint encore pire quand, en 1844, le service d’ingénieur lui étant devenu insupportable, il donna sa démission. Il lui fallut le remplacer par des traductions de George Sand que les éditeurs lui payaient 25 roubles la feuille.

Après sa démission, Dostoïevski se mit à écrire son premier roman : Les Pauvres Gens. En mai 1845 le roman était terminé et Dostoïevski, par l’intermédiaire de son camarade d’école, Grigorovitch, le fit remettre à Nékrassov qui, à cette époque, se préparait à éditer un recueil littéraire.

Après avoir lu son roman, dans la nuit, Nékrassov et Grigorovitch, enthousiasmés, accoururent chez Dostoïevski ; puis ils portèrent le roman à Bélinski en disant : « Un nouveau Gogol est paru ! » À quoi Bélinski remarqua sévèrement : « Chez vous, les Gogols poussent comme des champignons. » Mais après avoir lu le roman, il s’écria ému : « Amenez-le. Amenez-le-moi le plus vite possible ! » Le roman parut dans le recueil de Nékrassov, au commencement de 1846, et son apparition valut à Dostoïevski une réputation des plus flatteuses dans les cercles littéraires de Pétersbourg.

Mais bientôt les relations entre Bélinski, Nékrassov, le cercle du Sovremennik et Dostoïevski devinrent très tendues et se rompirent tout à fait ; et presque toutes les œuvres de Dostoïevski (avant la déportation) parurent à Oletchestvennia Zapiski. C’est là que furent publiés : Le Double, M. Prokhartchine, La Patronne, Le Cœur faible. Les Nuits blanches, Nietotchka Niesvanov, etc.

Ce refroidissement puis cette rupture eurent pour cause essentielle la divergence d’opinions qui commençait déjà à se montrer entre Dostoïevski et le groupe de ces écrivains : Dostoïevski défendait avec acharnement ses convictions religieuses ; dans le cercle du Sovremennik, on le regardait comme un conservateur.

En se séparant du cercle du Sovremennik, Dostoïevski se rapprocha de Bekelov et de Ianovski, et sous l’influence de ces deux hommes, et surtout du fameux Boutachevitch-Petrachevski, il se convertit au socialisme et rentra dans le cercle politique connu sous le nom des Petrachevtsy.

Dostoïevski appartenait au groupe des fouriéristes, les plus modérés de tous les Petrachevtsy. Selon Milukov, dans ce groupe « il n’y avait aucun plan révolutionnaire ». Le groupe des fouriéristes, fondé et présidé par Dourov, combattait la sévérité de la censure d’alors, le servage, les abus administratifs, mais il ne pensait pas au changement de forme du gouvernement, suivant sous ce rapport la doctrine de Fourier qui n’attribuait aucune importance aux transformations politiques. Cependant, un jour qu’on discutait les moyens d’émanciper les paysans, à l’objection de Dostoïevski : « Notre peuple ne suivra pas les traces des révolutionnaires européens », quelqu’un répondit : « Et s’il n’y avait pas d’autres moyens que la révolte pour affranchir les paysans, que faudrait-il donc faire ? » Dostoïevski s’écria : « Alors, la révolte ! »

Cette exclamation n’était que l’excitation du moment. En général, Dostoïevski était loin de toute idée révolutionnaire ; il déclamait avec enthousiasme les vers de Pouchkine sur la disparition de l’esclavage, « par un geste du tzar » ; il répétait que toutes les théories socialistes ne sont pour les Russes d’aucune importance, que dans la commune et l’artel depuis longtemps déjà existent des bases plus solides et plus normales que toutes les idées de Saint-Simon et de son école, et que la vie de la communauté d’Icarie et le Phalanstère lui inspirent plus d’horreur et de dégoût que le bagne.

Néanmoins le 23 avril 1849, Dostoïevski était arrêté avec tout le groupe des Petrachevtsy, enfermé dans la forteresse, traduit devant la Cour martiale, accusé « d’avoir pris part à des conversations sur la sévérité de la censure ; dans une réunion en mars 1849, d’avoir lu la lettre de Bélinski à Gogol, de l’avoir lue ensuite chez Dourov et de l’avoir donnée à copier à Marbelli ; d’avoir écouté chez Dourov la lecture de divers articles ; de connaître le projet d’installation d’une typographie clandestine, etc. »

La Cour martiale condamna tous les Petrachevtsy de ce nombre Dostoïevski, à être fusillés. Ce terrible arrêt fut lu aux condamnés le 22 décembre 1849, et pendant vingt minutes les malheureux crurent que leur dernière heure avait sonné. Mais sur le lieu même du supplice la peine de mort fut commuée en celle des travaux forcés. Dostoïevski était condamné à quatre ans de travaux forcés, après quoi il devait être incorporé dans un régiment comme simple soldat. Le jour de Noël, Dostoïevski partit en Sibérie.

Le Petit Héros est la dernière œuvre de celle période de la vie de Dostoïevski ; elle fut écrite dans la forteresse. Son activité littéraire s’interrompit ensuite pour plusieurs années.


III


Muni de l’Évangile que lui avaient donné les femmes des Décembristes, qui à Tobolsk avaient visité les Petrachevtsy dans la prison, Dostoïevski fut enfermé au bagne pour quatre ans.

Dans sa célèbre Maison des Morts, Dostoïevski décrit en détail sa vie au bagne et ses impressions. Il avait là-bas la possibilité de se rapprocher du peuple, de l’étudier, et, en même temps, il se pénétrait de cet esprit mystique propre aux masses sombres des Russes. Pendant trois ans, Dostoïevski n’écrivit absolument rien. Il n’avait entre les mains aucun livre sauf la Bible, et d’après ses propres paroles : « ne lisant que la Bible, il put comprendre mieux et plus profondément le sens du christianisme. »

La dernière année du bagne, avec un nouveau directeur, la situation de Dostoïevski s’améliora. « Dans la ville, écrit-il, parmi les officiers se trouvaient des connaissances et même des camarades d’école. Je renouai des relations avec eux, et par eux je pus me procurer un peu d’argent, écrire aux miens et même avoir des livres. Il est difficile de se rendre compte de l’impression étrange et en même temps émouvante produite sur moi par le premier livre que je lus en prison. C’était un numéro d’une revue quelconque. C’était comme si une nouvelle de l’autre monde m’était venue trouver. Je me jetai d’abord sur un article signé du nom d’une connaissance, un ami d’autrefois… »

La santé de Dostoïevski fut terriblement ébranlée par la vie du bagne. Étant enfant il souffrait déjà de troubles nerveux, et avant son arrestation, vers 1846, ses nerfs furent si ébranlés qu’on crut qu’il allait devenir fou.

Ce fut aux soins de ses amis Beketov et Ianovski qu’il attribua sa guérison. À cette époque, la nuit, il était parfois saisi de cette terreur mystérieuse qu’il décrit minutieusement dans Les Humiliés et Offensés. De temps en temps survenaient des crises épileptiformes.

En Sibérie son mal se développa définitivement, et en arriva au point que Dostoïevski, à qui on le cachait, n’en put plus douter.

Au sortir du bagne, le 2 mars 1854, Dostoïevski fut incorporé comme simple soldat au 7e bataillon de ligne. Le 1er octobre 1855, il était promu lieutenant dans le même bataillon. Après le bagne sa situation s’améliora sensiblement. Il était libre, sans chaînes, il pouvait être seul, lui que le manque d’isolement avait tellement fait souffrir au bagne. Il se remit à écrire. C’est en Sibérie qu’il écrivit : Le Rêve de mon Oncle et le Carnet d’un Inconnu (Stepanchikovo), et qu’il composa le plan de sa Maison des Morts.

En même temps, il y vécut son propre roman, qui le fit souffrir beaucoup, physiquement et moralement, et se termina par son mariage à Kouznietzk, le 6 mars 1856, avec la veuve Marie Dmitrievna Issaiev.

Après de longues démarches et de nombreuses suppliques, Dostoïevski reçut la permission de quitter la Sibérie et de vivre en Russie d’Europe. Il s’installa d’abord à Tver, puis enfin il fut autorisé à vivre dans la capitale.

Revenu à la liberté entière, Dostoïevski, entraîné par le mouvement social, alors très intense, ne put se limiter aux belles-lettres, et avec son frère Michel il commença la publication de la revue Vremia {Le Temps) qui parut au commencement de janvier 1861.

Cette revue, par ses opinions ainsi que par le choix de ses principaux collaborateurs (Apollon Grigoriev, Strakhov, etc.), se rattachait à la doctrine mi-slavophile mi-occidentale dont les adeptes portaient le nom de Potchvenniki (du nom Potchva, le sol), et dont le fondateur et principal représentant était Apollon Grigoriev.

Dostoïevski se plaça à la tête de ce parti et lui donna son nom, car les expressions : « Nous sommes détachés de notre sol » — « Nous avons besoin de chercher notre sol » étaient les expressions favorites de Dostoïevski et se rencontrent dans un premier article du Vremia.

Dostoïevski prit une part très grande et très active à la nouvelle revue. Dans le premier numéro commença la publication des Humiliés et Offensés ; et en 1861-1862 dans la même revue parut la Maison des Morts.
En outre Dostoïevski faisait de la critique ; sa première étude parut sous le titre : Série d’articles sur la littérature russe — Introduction. Il s’était de plus chargé des corrections, du feuilleton et de tout le côté matériel de la revue. Ce travail absorbant ébranla la santé de Dostoïevski. Au bout de trois mois il tomba gravement malade.

Le Vremia eut un très grand succès : 2.300 abonnés la première année. Ce résultat donna à Dostoïevski la possibilité, en 1802, de faire son premier voyage à l’étranger. Il le décrivit, dans la revue Vremia sous le titre : Notes d’hiver sur des impressions d’été[1].

Mais les jours du Vremia étaient comptés. Un article de Strakhov sur la révolte polonaise fut jugé très sévèrement par l’administration, et la revue fut interdite.

Malgré cette débâcle, Dostoïevski partit de nouveau pour l’étranger, en été 1863. Cette fois son voyage fut malheureux. Dostoïevski était joueur ; dans une ville allemande, il se laissa séduire par la roulette. Lors de son premier voyage il avait gagné au jeu 12.000 francs ; la seconde fois il perdit tout et ses amis furent obligés d’emprunter de l’argent à la Bibliothèque de Lecture, sur le compte d’un futur ouvrage. En souvenir de cet épisode de sa vie, Dostoïevski écrivit plus tard Le Joueur.

L’année suivante lui fut plus malheureuse encore. D’abord il perdit deux êtres chers à son cœur : sa femme et son frère Michel. En outre il eut un grand désastre avec la nouvelle revue L’Époque qui devait remplacer Vremia. Les tracasseries de la censure, la maladie de sa femme mourante, celle de son frère, le mauvais état de sa santé, tout cela eut pour résultat qu’après deux livraisons de L’Époque, qui avait à peine 1.300 abonnés, il ne restait plus un sou et on ne pouvait payer ni collaborateurs, ni papier, ni typographie ; tout s’écroulait. La famille de Michel Dostoïevski restait sans ressources et Dostoïevski lui-même avait 15.000 roubles de dettes.

Après la disparition de L’Époque, une nouvelle période commença : celle de la création des grands romans.


IV


En été 1865, à la fin de juin, Dostoïevski partit pour l’étranger. En automne il rentra à Pétersbourg qu’il ne quitta pas de tout 1866. Ce fut l’époque la plus pénible de sa vie.

Malade, seul, poursuivi par ses créanciers, tourmenté à cause de la famille de son frère défunt, il devait tendre toutes ses forces pour sortir de sa pénible situation financière.

Le résultat de ses efforts fut un très grand roman, le meilleur peut-être que Dostoïevski ait écrit : Crime et Châtiment, composé en 1865-1866. Sa publication commença dans Rousski Viestnik en janvier 1866. La même année pour sortir de ses dettes, Dostoïevski vendit à Stellovski, pour 3.000 roubles, le droit d’éditer ses œuvres complètes, avec l’engagement d’y joindre un roman inédit. Ce roman devait être fourni dans un certain délai spécifié au contrat. C’est alors que Dostoïevski commença à écrire Le Joueur dont il avait conçu le plan en 1863. Craignant de ne pas être prêt à temps voulu s’il travaillait à sa façon ordinaire, il prit une sténographe, Anna Grigorievna Switkine, que lui avait recommandée un libraire, M. Olkhine. Une année plus tard, cette jeune fille devenait la femme de Dostoïevski. Le mariage eut lieu le 15 février 1867. De cette union naquirent quatre enfants ; deux seuls ont survécu à Dostoïevski : une fille, Lubov, et un fils, Théodore.

Peu de temps après son second mariage, Dostoïevski partit avec sa femme pour l’étranger. Ils y restèrent jusqu’en 1871, allant d’un pays à l’autre, d’une ville à l’autre ; mais ils séjournèrent le plus longtemps à Dresde.
Pendant ces quatre années Dostoïesvki écrivit : L’Idiot, publié dans Rousski Viestnik en 1868, le Mari éternel, dans la revue Zaria, en 1870, et Les Possédés, au Rousski Viestnik en 1871-1872.

En juin 1871 les Dostoïevski revinrent à Saint-Pétersbourg.

Les dix dernières années de sa vie, Dostoïevski les passa à Saint-Pétersbourg qu’il ne quittait que l’été pour aller avec sa famille à Staraïa Roussa ; en 1874, il y resta même l’hiver. Pendant cet hiver il écrivit L’Adolescent publié en 1875 par Otelchestvennia Zapiski.

La situation matérielle de Dostoïevski s’améliorait peu à peu ; sa vie devenait plus régulière et sédentaire.

En 1873 il fut invité par le prince Mestcherski à diriger le journal Grajdanine (Le Citoyen). En 1876 Dostoïevski commença à éditer le Journal d’un Écrivain qui obtint, pour son temps, un succès inouï. En 1876 il avait 1.982 abonnés et la vente au numéro atteignait 2.500 exemplaires ; plusieurs numéros furent tirés à deux ou trois éditions. En 1877, les abonnements s’élevaient à 3.000, avec le même chiffre pour la vente au numéro. Le numéro d’août 1880, qui contenait une étude sur Pouchkine, fut tiré à 4.000 exemplaires vendus en quatre jours. Une seconde édition de 2.000 exemplaires se trouva également épuisée en quelques jours. En 1881, on tira 8.000 exemplaires du Journal d’un Écrivain, tous furent vendus le jour de la mort de Dostoïevski ; une nouvelle édition de 8.000 exemplaires fut aussi très vite épuisée.

La dernière année de la vie de Dostoïevski fut marquée par une ovation bruyante, enthousiaste, dont l’honora la foule à l’inauguration du monument de Pouchkine, à Moscou. Le fameux discours qu’il prononça à Moscou, le 8 juin 1880, sur Pouchkine lui valut une popularité dont n’avait joui jusqu’alors aucun écrivain russe.

La même année (1880), Dostoïevski termina Les Frères Karamazov.

Il fit paraître la même année un seul numéro du Journal d’un Écrivain. Il avait de grands projets pour cette édition ; le numéro de janvier était déjà sous presse et devait paraître le 31, mais le 28, Dostoïevski n’était plus.

Jamais la Russie n’avait fait de pareilles funérailles à un écrivain ; la foule qui suivait la dépouille mortelle s’étendait sur une longueur de trois kilomètres et on y remarquait 42 députations de toutes les classes de la société russe.

J.-W. B.


À la suite de cette correspondance, qui découvre au lecteur la douloureuse vie de Th. Dostoïevski, nous donnons en Appendice quelques articles et documents, qui complètent à propos la si intéressante correspondance du génial écrivain russe.

  1. Voir l’Appendice.