Correspondance de Voltaire/1774/Lettre 9040

Correspondance de Voltaire/1774
Correspondance : année 1774GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 554).
9040. — À M. LE COMTE DE WARGEMONT[1].
30 janvier.

Vous êtes bien humain et bien généreux, monsieur, de vous souvenir d’un vieil ermite octogénaire, qui a joué de son reste avant de quitter la table de jeu, et qui ne sait encore s’il s’est retiré sur son gain.

Je n’ai qu’une idée très-confuse des petits mouvements faits, il y a plus d’un an, en Normandie ; mais j’en ai une très-nette des services que vous savez rendre au roi et à l’État. Si j’ai renoncé au monde, je n’ai pas certainement renoncé à l’intérêt que je pris à vos succès et à votre gloire, depuis que j’eus l’honneur de vous connaître. Les Normands sont quelquefois aussi difficiles à mener que le parterre de Paris ; mais vous êtes fait pour réussir dans tout ce que vous entreprenez.

L’état où je suis ne me permet pas d’écrire de longues lettres, quoiqu’il ne dérobe rien aux sentiments qui m’attachent à vous.

Agréez, monsieur, le sincère respect de votre, etc.

Le vieux Malade de Ferney.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.