Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8824

Correspondance : année 1773GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 359-360).
8824. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU[1].
À Ferney, 26 avril.

C’est toujours du premier gentilhomme de la chambre que le vieux malade de Ferney implore les bontés et la justice. Je vous demande en grâce, monseigneur, de donner un ordre au sieur Patrat de jouer Lusignan, et, s’il n’arrache pas des larmes, j’ai tort. Vous savez que dans une chambre on est intimidé par ses rivaux, sans être animé par l’illusion du spectacle. On est plus soutenu sur le théâtre, à moins qu’il n’y ait une cabale formée. En un mot, il faut être à son aise et en place pour réussir. J’ose vous demander cette grâce pour le sieur Patrat, dont j’ai été infiniment content, lorsqu’il a joué devant un auditoire qui lui était favorable. D’ailleurs, il n’y a point de rôle qu’il ne puisse jouer avec succès. Si je me trompe, ce n’est que par le désir de perfectionner des spectacles qui sont sous vos ordres et sous votre protection.

Agréez mon tendre et profond respect.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.