Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8781

Correspondance : année 1773GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 319).
8781. — À MADAME ***[1].
2 mars.

Madame, mon âge de près de quatre-vingts ans et une longue maladie sont mon excuse de vous remercier si tard, et de ne vous pas écrire de ma main.

Si vous êtes Italienne, le Tasse a été votre maître ; c’est Addison, si vous êtes Anglaise.

J’étais mourant quand M. Bourgeois m’apporta votre présent, et je ne pus avoir le bonheur de le voir. Tout ce que je puis faire est d’adresser mes remerciements chez votre libraire. Il a imprimé une tragédie qui vaut beaucoup mieux que la mienne ; je serais plein de jalousie, si je ne l’étais de reconnaissance. Êtes-vous une Anglaise qui a voyagé en Italie, ou une Italienne établie à Londres ? Dans l’une ou dans l’autre supposition, le génie de Shakespeare et l’élégance d’Addison vous ont inspirée.

J’ai l’honneur d’être, avec la plus respectueuse estime, madame, vôtre, etc.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.