Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8694

Correspondance : année 1772GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 230).
8694. — À M. MARIN[1].
30 novembre.

Je vous suis bien obligé, mon cher correspondant, de m’avoir envoyé la Réponse d’Horace ; elle est vraiment de lui ou de M. de La Harpe. Je le remercie de tout mon cœur, quoique en prose. Je ne suis pas en train de faire des vers.

Mme Denis a été attaquée d’une dyssenterie qui m’a fort inquiété.

Je n’avais point entendu parler, au pied de mes Alpes, de ce brave homme qui soulage la curiosité du prochain régulièrement, et pour une somme honnête. J’aurai l’honneur de m’adresser à lui. J’en ai déjà un qui m’envoie des nouvelles ; mais il n’entre pas dans de grands détails.

Je croyais que vous m’aviez prédit des sifflets ou quelque chose d’approchant : car je me les étais bien prédits moi-même, et nous sommes ordinairement du même avis.

J’ai bien peur que les ciseaux de la police n’aient coupé le nez à Minos. Quelques bonnes gens auront substitué des vers honnêtes à des vers un peu hardis, et c’est encore un nouvel encouragement à la sifflerie : car vous savez que ces vers si sages sont d’ordinaire fort plats et fort froids. Vale.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.