Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8455
Je regrette Helvétius[1] avec tous les honnêtes gens, mon cher ami ; mais ce que les pauvres honnêtes gens ne peuvent faire à Paris, je l’ai toujours fait au mont Jura. J’ai crié que les pédants absurdes, insolents, et sanguinaires, ces bourgeois tuteurs des rois qui l’avaient condamné, et qui se sont souillés du sang du chevalier de La Barre, sont des monstres qui doivent être en horreur à la dernière postérité. J’ai crié, et des têtes couronnées m’ont entendu. Je n’avais cependant pas trop à me louer de cet innocent d’Helvétius[2].
Je vous prie d’embrasser pour moi M. d’Alembert, M. Duclos, M. Thomas, M. Gaillard, M. de Belloy, et tous ceux qui veulent bien se souvenir de moi dans l’Académie.
Je vous enverrai par cet Émery ce que vous voulez bien avoir. Je serais bien fâché de mourir sans causer avec vous.