Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8447
Ce n’est pas du tout, monsieur, ma défiance du gouvernement qui me force à vendre, c’est la nécessité. Il me faut cent mille livres pour soutenir ma colonie, ou que j’aie la douleur et la honte de la voir périr ; je ne veux pas mourir avec cet opprobre.
J’ai déjà quelques deniers ; mais il m’en manque beaucoup. Si vous pouvez étendre vos bontés jusqu’à me faire toucher quatre-vingt mille livres en divers payements, vous soutiendrez trois fabriques considérables qui vont tomber. Mon unique but est de faire du bien : c’est ce qui me remplit de confiance en vos bontés. Je vous supplie donc de vouloir bien ordonner qu’on vende jusqu’à concurrence de quatre-vingt mille livres d’argent comptant, rendu chez moi. C’est votre destinée de m’aider dans mes tribulations, et la mienne d’être, avec la plus respectueuse reconnaissance, monsieur, votre, etc.
- ↑ Éditeurs, de Cayrol et François.