Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8444

Correspondance de Voltaire/1771
Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 575-576).
8444 — À M. LE MARQUIS D’OSSUN[1].
21 décembre 1771, à Ferney.

Monsieur, tous les malheurs sont arrivés à ma colonie. La destitution de notre protecteur[2] a été notre perte ; elle est totale et sans ressource. J’ai payé la montre aux artistes qui l’avaient faite. M. le comte d’Aranda nous a consolés par le meilleur vin qu’on puisse boire, et par la plus belle faïence sur laquelle on puisse manger, après la porcelaine de Saxe et celle de Sèvres. Il ne me reste qu’à remercier Votre Excellence de ses bontés infinies. Il faut savoir supporter son malheur. Il y en a de plus grands, et qui tombent sur des têtes plus précieuses.

Conservez-moi toujours vos bontés ; elles seront pour moi le dédommagement le plus ample et le plus flatteur. Je suis encore pénétré des attentions généreuses dont vous voulûtes bien m’honorer l’année passée ; elles seront toujours chères à mon cœur, plein de reconnaissance. J’ai l’honneur d’être, avec respect, etc.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Choiseul.