Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8394
Le vieux malade, qui a reçu la prose et les vers de M. Ribotte, et qui l’en remercie, ne connaît en aucune façon la belle personne à qui ces vers sont adressés ; tout ce qu’il sait, c’est qu’on ne s’est jamais moins soucié de vers qu’à présent à la cour de France.
Le vieux malade s’occupe à présent à faire fleurir une colonie d’environ cent de vos compatriotes, qui ont établi des manufactures dans sa retraite ; ils y jouissent de toute la liberté du commerce et de celle de la conscience. On leur a bâti une vingtaine de maisons où ils vivent assez commodément ; cela vaut mieux qu’une fondation de moines. Quel bien n’aurait-on pas fait à la patrie si on avait employé à encourager les hommes et les arts la centième partie de l’argent qu’on a mis à doter des fainéants dangereux !
Le vieux malade fait bien ses compliments à M. Ribotte.
- ↑ Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français ; Paris, 1856, page 247.