Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8373

Correspondance de Voltaire/1771
Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 514-515).
8373. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
À Ferney, 23 septembre.

Je n’ai pas été assez impudent pour oser interrompre mon héros dans son expédition de Bordeaux ; mais, s’il a un moment de loisir, qu’il me permette de l’ennuyer de mes remerciements pour la bonté qu’il a eue dans mes petites affaires avec les héritiers de Mme la princesse de Guise, et avec mon héros lui-même.

Vous avez de plus, monseigneur, la bonté de me protéger auprès de M. le duc d’Aiguillon. Je ne savais pas, quand j’eus l’honneur de vous écrire, qu’il fût enfin décidé que Versoy, dont il était question, serait entièrement dans le département de M. le duc de La Vrillière. Je l’apprends, et je me restreins à demander les bontés de M. le duc d’Aiguillon pour la colonie que j’ai établie.

Elle est assez considérable pour attirer l’attention du ministère, et pour mériter sa protection dans le pays étranger. Son commerce est déjà très-étendu ; elle travaille avec succès, et ne demande ni ne demandera aucun secours d’argent à M. l’abbé Terray.

Je désire seulement qu’on daigne la recommander à Paris à M. d’Ogny, intendant général des postes, et, en Espagne, à M. le marquis d’Ossun, qui nous ont rendu déjà tous les bons offices possibles, et que je craindrai encore moins d’importuner quand ils sauront que le ministre des affaires étrangères veut bien me protéger.

J’ai été entraîné dans cette entreprise assez grande par les circonstances presque forcées où je me suis trouvé, et je ne demande, pour assurer nos succès, que ces bontés générales qui ne compromettent personne.

C’est dans cet esprit que j’écris à M. le duc d’Aiguillon[1], que je me renomme de vous dans ma lettre ; j’espère que vous ne me démentirez pas. Il ne s’agit, encore une fois, que de me recommander à M. le marquis d’Ossun et à M. d’Ogny. Si vous voulez bien lui en écrire un petit mot, je vous en aurai beaucoup d’obligation.

Je vous demande bien pardon de vous fatiguer de cette bagatelle ; mais, après tout, c’est un objet de commerce intéressant pour l’État, et qui augmente la population d’une province. Vous êtes si accoutumé à faire du bien dans celles que vous gouvernez, que vous ne trouverez pas ma requête mal placée.

Conservez vos bontés, monseigneur, à votre plus ancien courtisan, qui vous sera attaché avec le plus tendre respect jusqu’au dernier moment de sa vie.

  1. Cette lettre manque.