Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8316

Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 461).
8316. — À M. POMME[1].
À Ferney, ce 27 juin.

Mme R…[2], monsieur, qui habite dans mon désert, et qui est possédée depuis longtemps du même démon que l’hémorroïsse[3], n’est pas encore guérie par vos délayants ; mais ces sortes de démons ne se chassent qu’avec le temps, et je vous tiens toujours pour un très-bon exorciste.

Je crois bien que vous rencontrerez dans votre chemin des scribes et des pharisiens qui tâcheront de décrier vos miracles ; mais, quoi qu’ils fassent, votre royaume est de ce monde. Pour moi, je suis possédé d’un démon qui me rend les yeux aussi rouges que les fêtes mobiles dans les almanachs, et qui m’ôte presque entièrement la vue ; mais je me ferai lire avec grand plaisir tout ce que vous écrirez contre les ennemis de votre doctrine. J’ai de la foi à votre évangile, quoique les gens de mon âge soient difficiles à persuader.

  1. Médecin qui a beaucoup écrit sur les maladies vaporeuses.
  2. Probablement Mme Rilliet, qui épousa le marquis de Florian ; voyez lettre n° 8467.
  3. Matthieu, IX, 20 ; Marc, v, 25 ; Luc, viii, 43.