Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8222

Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 367).
8222. — À M. LE PRÉSIDENT DE RUFFEY.
À Ferney, 27 février.

Mon cher président, je sais bien que j’aurais dû vous écrire plus tôt ; mais avec soixante-dix-sept ans, des fluxions horribles sur les yeux, et la goutte, on ne fait pas toujours ce qu’on voudrait.

Je crois que les présidents du parlement de Dijon ont actuellement des choses plus importantes que celles de l’Académie française. On a persuadé à M. de Brosses que je m’étais opposé à son élection, parce que j’avais écrit plusieurs lettres en faveur de M. Gaillard. Mais je le prie de considérer que j’avais écrit ces lettres longtemps avant que j’eusse appris que M. de Brosses voulût être notre confrère. Il nous fera certainement bien de l’honneur à la première occasion. Multæ sunt mansiones in domo patris mei[1].

J’ai fait ce que j’ai pu pour mériter son amitié ; et excepté le tort que j’ai peut-être de vivre encore, je n’ai rien à me reprocher.

On prépare à Paris un nouveau code, un nouveau parlement ; ne pourrait-on pas en même temps imaginer une nouvelle manière de payer ses dettes ? il est bon de songer à tout.

Savez-vous qu’on établit un conseil supérieur à Lyon ? qu’il y a déjà des juges de nommés ? On parle aussi de Poitiers et de Clermont en Auvergne[2].

Voilà tout ce que je sais ; vous en savez sans doute davantage à Dijon. Conservez-moi toujours un peu d’amitié, mon très-cher président, cela me fera finir plus gaiement. Si vous voyez M. Le Gouz, je vous prie de lui dire que je lui suis toujours très-tendrement attaché. V.

  1. Jean, Évangile, xiv, 2.
  2. Voyez tome XVI, page 168.