Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 8048

Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 222-223).
8048. — À M. LE COMTE DE ROCHEFORT[1].
12 octobre.

Mon ombre a été consolée, égayée par M. d’Alembert et par M. de Condorcet pendant quinze jours. J’aurais bien dû me vanter de ma fortune à mes deux consolateurs du Vivarais, dont je regrettais plus que jamais la présence. Que Mme la philosophe Dixneufans nous aurait animés ! que monsieur le chef de brigade nous en aurait dit de bonnes ! Je ne peux plus écrire, tant je suis faible ; mais j’aurais pensé et senti.

M. d’Alembert est actuellement à Lyon, et s’achemine tout doucement en Provence.

Nous jetons enfin les fondements de Versoy ; nous y bâtissons, Mme Denis et moi, la première maison. Ce n’est pas que l’aventure des rescriptions[2] m’ait laissé le moyen de bâtir ; mais le zèle fait des efforts, et l’envie de mettre la première pierre dans la ville de M. le duc de Choiseul m’a fait passer par-dessus tout. Je sais bien que je n’habiterai pas cette maison ; mais Mme Denis en jouira, et je suis content. En attendant, je me flatte d’être encore assez heureux pour voir M. et Mme de Rochefort honorer Ferney de leur présence ; on ne peut finir plus agréablement sa carrière.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Les mesures financières de l’abbé Terray.