Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7964

Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 145-146).
7964. — DE M. HENNIN[1].
Ce samedi 21 juillet 1770.

Voici, monsieur, deux lettres, dont j’ai reçu l’une par la poste ; l’autre m’a été remise par un voyageur que je connais depuis vingt ans pour un homme fort instruit. Si vous permettez, je vous le mènerai demain au soir. Il vient de Rome, où il a vu plus que beaucoup d’autres, et j’espère que vous en serez content.

Notre Versoy ira bien ; nous aurons des temples en forme de maisons en attendant mieux. Mais on veut nous vendre le terrain, et je suis fâché de voir notre maître lésiner pour cinquante mille écus. Savez-vous quelque chose de la boucherie de Portugal[2] ? Votre Catau a envoyé trop de vaisseaux et trop peu d’hommes en Morée. Je voudrais bien qu’elle eût mis tout le monde dans ses intérêts, et peut-être y aurait-elle réussi en ne présumant pas trop de ses forces. L’orgueil perdra depuis le plus grand des empires jusqu’à la plus petite des républiques.

  1. Correspondance inédite de Voltaire avec P.-M. Hennin, 1825.
  2. Ceci est relatif aux troubles que causèrent en Portugal les mesures du marquis de Pombal, pour l’agriculture et le commerce. Ces mesures produisirent divers soulèvements qui furent suivis d’un grand nombre d’exécutions.