Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7917

Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 105).
7917. — À MADAME LA COMTESSE D’ARGENTAL[1].
11 juin.

Eh ! mon Dieu, madame, je n’ai appris que par la poste du 9 de ce mois le triste accident arrivé à M. d’Argental[2]. On me mande qu’il n’aura point de suites funestes ; mais on me dit que l’épaule est démise ; cela n’est que trop funeste.

Vous sentez comme je partage vos peines et vos inquiétudes ; nous ne parlons, Mme Denis et moi, que de cette inconcevable aventure. Nous ne savons jamais rien à temps dans nos déserts. Celui qui nous a écrit a supposé que nous étions informés, et n’est entré dans aucun détail. Nous vous demandons en grâce de nous faire écrire, par votre secrétaire, en quel état est M. d’Argental, et comment il s’est pu faire qu’il ait été blessé dans un carrosse. Cela fait frémir. On prétend qu’il y a eu près de trois cents personnes de mortes. Est-ce un échafaud qui est tombé ? Voilà un abominable feu d’artifice.

M. d’Argental est-il au lit ? Son épaule a-t-elle été réellement démise ? Si cela est, il a dû souffrir de grandes douleurs. Tout cela n’a pas dû raffermir votre santé. Nous vous conjurons, madame, de nous faire savoir comment nos deux anges se portent. Nous avons le plus grand besoin d’un mot qui nous rassure.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Aux fêtes du 30 mai.