Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7908

Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 98).
7908. — À M. DELISLE DE SALES.
Ferney, 6 juin.

J’ai lu, monsieur, votre livre[1] avec enchantement. Je vous suis d’autant plus obligé que je le crois capable de faire le plus grand bien. Tous les gens sages le liront, et estimeront l’auteur ; mais c’est principalement aux malades à lire les bons livres de médecine. Vous leur avez emmiellé les bords du vase, comme dit Lucrèce[2]. Vous ne vous contentez pas de leur parler raison, vous y joignez l’éloquence, qui est son passe-port : Utile dulci[3] est votre devise.

La lecture de votre ouvrage, monsieur, m’a fait oublier ma vieillesse et les maux dont je suis accablé. Vous êtes comme les anciens mages, qui guérissaient avec des paroles enchantées.

J’ai l’honneur d’être avec toute la reconnaissance et toute l’estime que je vous dois, etc.

  1. La Philosophie de la Nature. (K.) — Voyez lettre 8093.
  2. Livre I, 935 et suiv. ; IV, ii et suiv.
  3. Horace, Art poétique, vers 343.