Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7874

Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 67).
7874. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
4 mai.

Mon cher ange, je me plaignais à tort de l’indifférence de M. le duc de Choiseul pour ma manufacture. Il a eu plus de bonté et d’attention que je n’osais en espérer. J’ai poussé l’injustice jusqu’à gronder Mme la duchesse de Choiseul, qui ferait tout pour moi ; j’étais, sans le savoir, le plus ingrat des hommes et le plus difficile à vivre.

Voici une autre affaire qui pourra vous amuser, en attendant le mariage de votre prince. Vous êtes supplié de lire ce mémoire[1], et de nous dire si nous n’avons pas raison ; et, en cas que nous ayons prodigieusement raison, comme je le crois, de recommander l’affaire à M. le duc de Praslin, qui est un des juges.

À propos, j’ai une fluxion horrible de poitrine qui m’empêche de faire usage de l’ordonnance de M. Bouvart. M’est avis, mes anges, que je m’en vais à tous les diables, avec mon cordon de saint François.

Portez-vous bien, et ne faites ce voyage que le plus tard que vous pourrez.

  1. Ce doit être l’écrit intitulé Au Roi en son conseil, pour les sujets du roi qui réclament la liberté en France, tome XXVIII, page 353.