Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7599

Correspondance : année 1769GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 386-387).
7599. — À M. MARIN.
19 juillet.

Je n’avais point achevé, monsieur, la lecture de l’Histoire du Parlement, lorsque je vous mandais que cet ouvrage me paraissait très-superficiel, et d’ailleurs un plagiat presque continuel. Mais je vous avoue que les derniers chapitres m’ont paru aussi indécents que faux et mal écrits. Qu’est-ce qu’un supplice perpétré ? qu’est-ce qu’un départ pour son exil ? qu’est-ce qu’un procès à faire à Damiens[1] ? Je ne connais guère de plus mauvais style que celui de ces derniers chapitres : ils ne paraissent pas de la même main que les premiers ; et ils sont si mauvais en tout sens qu’ils ne méritent pas qu’on les réfute. Si on lisait avec quelque attention, si tous les lecteurs étaient aussi judicieux que vous, on ne m’imputerait pas de telles rapsodies ; mais j’ai toujours remarqué qu’on ne lisait point, qu’on parcourait avec négligence, et qu’on jugeait au hasard. Rien ne peut égaler l’indignation où je suis, ni ma sincère amitié pour vous.

  1. Voltaire, qui relève ces phrases, n’a pas changé la seconde ; voyez tome XVI, page 96.