Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7355
Votre Mémoire[2], monsieur, en faveur des morts, qui sont très-mal à leur aise, et des vivants, qui sont empestés, est assurément la cause du genre humain ; et il n’y a que les ennemis des vivants et des morts qui puissent s’opposer à votre requête. Je l’ai fait lire à M. Hennin, résident à Genève ; il est frère de M. le procureur du roi de Versailles ; les deux frères pensent comme vous. Monsieur le chancelier a fait rendre un arrêt du parlement contre les morts, qui empuantissent les villes ; ainsi je crois qu’ils perdront leur procès. J’attends avec impatience un édit qui me permettra d’être enterré en plein air ; c’est une des choses pour lesquelles j’ai le plus de goût. Tant de choses se font contre notre gré à notre naissance et pendant notre vie, qu’il serait bien consolant de pouvoir au moins être enterré à son plaisir.
Je suis en attendant, avec toute l’estime que vous m’avez inspirée de mon vivant, monsieur, etc.
- ↑ M. Pacou est mort vers 1815, dans les environs de Versailles.
- ↑ Mémoire concernant le cimetière de la paroisse Saint-Louis de la ville de Versailles, imprimé dans l’opuscule intitulé Mémoire sur les sépultures hors des villes, ou Recueil de pièces concernant les cimetières de la ville de Versailles ; Versailles, Blaizot, 1774, in-8° de quatre-vingts pages.