Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7205

Correspondance : année 1768GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 554).
7205. — À M. DE CHABANON[1].
14 mars.

Mon cher confrère, mon cher ami, vous êtes aussi essentiel qu’aimable. Voyez maman, je vous en prie, si vous ne l’avez déjà vue ; elle vous dira tout, elle se confiera à votre amitié généreuse et prudente. Ce billet est ma lettre de créance. Je crois déjà devoir vous dire que nous comptons vendre Ferney, et que je me flatte de la douceur d’aller mourir à Paris entre ses bras. Il se présente un acheteur pour Ferney. Mais tout est encore très-incertain. Si on ne peut compter sur un moment de vie, on doit encore moins compter sur les événements de cette vie, aussi orageuse qu’elle est courte.

Voyez maman, vous dis-je, mon cher ami, et envoyez-moi Eudoxie. Favorisez le péché originel[2] ou original, et le fort Samson. Consolez le vieux solitaire par vos bontés et par vos lettres. Il a un cœur fait pour sentir ce que vous valez et ce que vous faites. Il vous aimera bien tendrement, tant qu’il sera dans ce monde.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Pandore.