Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7203

Correspondance : année 1768GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 553).
7203. — DE M. HENNIN[1].
À Genève, le 13 mars 1768.

Je suis accoutumé, monsieur, à entendre redire vingt fois en un jour le même mensonge par différentes personnes dignes de foi. Aussi ne me pressai-je pas de croire les choses les plus probables. Celle qui m’engage à avoir l’honneur de vous écrire n’est pas de ce nombre, mais il m’importe beaucoup de l’éclaircir. On a assuré hier ici, monsieur, que vous vouliez vendre Ferney ; que même plusieurs Genevois y pensaient. En conséquence, une personne avec qui je suis fort lié ici m’a offert d’en traiter avec vous argent comptant. J’ai rejeté très-loin cette idée. Enfin on m’a prié instamment de savoir si vous étiez dans l’intention de vendre cette terre, et je prends le parti de m’en informer à vous-même. Je ne puis vous dire, monsieur, à quel point je serais fâché de vous voir quitter une aussi belle habitation, et le voisinage de Genève. Peut-être y aurait-il moyen de ne pas vous ôter la faculté d’y revenir ? Faites-moi le plaisir de me répondre. Quelle que soit votre résolution, je serai peut-être assez heureux pour vous rendre service.

Je me flatte que vous ne doutez pas, etc.

  1. Correspondance inédite de Voltaire avec P.-M. Hennin, 1825.