Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 7095

Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 453-454).
7095. — À M. DUPONT.
Au château de Ferney, par Genève, 14 décembre.

Monsieur, vous n’ignorez pas qu’après les saisies faites par des marchands de Lyon sur les terres de Richwir au préjudice de mes droits, après les payements exigés par d’autres créanciers postérieurs à moi, j’ai été forcé de recourir aux voies judiciaires pour assurer mes intérêts et ceux de ma famille.

Vous savez que cette démarche était indispensable. Messieurs de la chambre des finances de Montbéliard ont reconnu la justice de mes droits et la circonspection de mes procédés.

Vous êtes avocat de monseigneur le duc de Wurtemberg, et vous pensez comme lui ; vous ne pouvez désapprouver aucune de mes démarches.

On me devra environ soixante-douze mille livres à la réception de ma lettre ; j’en demandais dix au mois de décembre et dix au mois de janvier, avec le payement de mes frais ; et le reste en délégations sur des fermiers.

La chambre des finances m’a mandé qu’il y avait dix mille livres pour moi à Colmar, mais elle ne me les a point envoyées. Ni mon âge de soixante-quatorze ans passés, ni mes besoins pressants, ni ma famille, ne me permettent d’attendre ; j’ai l’honneur de vous en donner avis ; je vous supplie d’envoyer cette lettre à Montbéliard, et de me croire avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire,
gentilhomme ordinaire de la chambre du roi.