Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 7076

Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 436-437).
7076. — À M. MARIN.
27 novembre.

Vous me demandez, mon cher monsieur, si je m’intéresse aux édits qui favorisent le commerce et les huguenots : je crois être de tous les catholiques celui qui s’y intéresse le plus. Je vous serai très-obligé de me les envoyer. Il me semble que le conseil cherche réellement le bien de l’État : on n’en peut pas dire autant de messieurs de Sorbonne.

J’ai lu les Lettres sur Rabelais[1] et autres grands personnages. Ce petit ouvrage n’est pas assurément fait à Genève ; il a été imprimé à Bâle, et non point en Hollande, chez Marc-Michel, comme le titre le porte. Il y a, en effet, des choses assez curieuses ; mais je voudrais que l’auteur ne fût point tombé quelquefois dans le défaut qu’il semble reprocher aux auteurs hardis dont il parle.

Parmi une grande quantité de livres nouveaux qui paraissent sur cette matière, il y en a un surtout dont on fait un très-grand cas. Il est intitulé le Militaire philosophe, et imprimé en effet chez Marc-Michel Rey. Ce sont des lettres écrites au Père Malebranche, qui aurait été fort embarrassé d’y répondre.

On a débité en Hollande, cette année, plus de vingt ouvrages dans ce goût. Je sais que la fréronaille m’impute toutes ces nouveautés ; mais je m’enveloppe avec sécurité dans mon innocence et dans le Siècle de Louis XIV[2], que je fais réimprimer, augmenté de plus d’un tiers. Je profite de la permission que vous me donnez de vous adresser une copie de l’errata que l’exacte et avisée veuve Duchesne a perdu si à propos. Je mets tout cela sous l’enveloppe de M. de Sartines.

Adieu, monsieur : vous ne sauriez croire combien votre commerce m’enchante.

Sera-t-il donc permis au sieur Coger, régent de collège, d’employer le nom du roi pour me calomnier ?

  1. Voyez tome XXVI, page 469.
  2. L’édition de 1768.