Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 7064

Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 427-428).
7064. — À M. LE COMTE DE LA TOURAILLE.
Le 9 novembre.

Je n’ai pu répondre, monsieur, aussitôt que je l’aurais voulu à la lettre par laquelle vous eûtes la bonté de m’apprendre votre excommunication. J’étais enchanté de vous avoir pour confrère, et il était bien juste qu’un doyen félicitât avec empressement un novice tel que vous ; mais j’étais dans ce temps-là sur le point d’aller à tous les diables. Ma vieillesse et mes maladies continuelles ne me permettent pas de remplir mes devoirs bien exactement avec les réprouvés auxquels je suis très-attaché. Je me flatte que si vous êtes excommunié auprès de quelques habitués de paroisse, vous ne l’êtes pas auprès de l’habitué de la gloire. Les lauriers des Condé garantissent des foudres de l’Église.

Je vous souhaite, monsieur, beaucoup de joie et de plaisir dans ce monde, en attendant que vous soyez damné dans l’autre.

Ne montrez point ma lettre à monsieur l’archevêque, si vous voulez que j’aie l’honneur d’être enterré en terre sainte ; mais, si jamais vous lui parlez de moi, assurez-le bien que je ne suis pas janséniste.

Conservez-moi vos bontés. Voulez-vous bien me mettre aux pieds de Son Altesse sérénissime ?