Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6987

Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 354-355).
6987. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
À Ferney, 18 auguste.

Bénis soient Dieu et mes anges ! Puisque Mme d’Argental se porte mieux, je suis assez hardi pour envoyer deux exemplaires des Scythes. Je n’en envoie que deux, pour ne pas trop grossir le paquet. J’en ai adressé quatre à M. le duc de Praslin, et trois à M. le duc de Choiseul. J’en ferai venir tant qu’on voudra ; on n’a qu’à commander.

Dès que Mme d’Argental sera en pleine convalescence, et qu’elle pourra s’amuser de balivernes, adressez-vous à moi, je vous amuserai sur-le-champ : cela est plus nécessaire que des juleps de cresson. Elle a essuyé là une furieuse secousse. Pour moi, je ne sais pas comment je suis en vie, avec ma maigreur, qui se soutient toujours, et mon climat, qui change quatre fois par jour. Il faut avouer que la vie ressemble au festin de Damoclès : le glaive est toujours suspendu.

Portez-vous bien tous deux, mes divins anges. Le petit ermitage va faire un feu de joie.