Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6938
Je suis pénétré, monsieur, des attentions et des bontés dont vous m’honorez. Il est bien rare qu’on se souvienne à Paris des solitaires qu’on a vus en passant dans des retraites ignorées. À peine ma vieillesse et mes maladies m’ont-elles permis de vous faire ma cour, lorsque vous êtes venu dans nos cabanes, et cependant vous m’avez comblé à Paris de vos bons offices, comme si je les avais mérités. Vous avez fait bien plus : je vous dois la protection de Mme de Beauharnais[2], dont l’esprit et la beauté sont connus même dans notre pays sauvage.
Si je puis trouver à Genève ou à Bâle quelques nouveautés dignes de votre curiosité, je ne manquerai pas de vous les envoyer à l’adresse que vous avez bien voulu me donner. Je vous supplie, monsieur, d’agréer la très-respectueuse reconnaissance de votre très-humble, etc.