Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6647
Je vois avec une peine infinie, monsieur, le projet que vous formez de voyager dans ce temps-ci. Quant au passe-port, de plus de huit jours il n’en sera pas besoin pour venir ici. Vous pouvez sans aucune difficulté passer en Suisse sans passe-port. S’il en fallait un pour un Français aux portes de Versoy, ce pourrait être qu’un passe-port de la cour. J’espère que vous changerez de résolution, et je vous prie instamment de m’en instruire.
Le temps me manque pour vous en dire davantage. L’idée de vous perdre, ne fût-ce que pour quelque temps, me rendra ce pays-ci insupportable.
Pardon de mon laconisme, mais, en vérité, je suis excédé d’écritures. Mes respects à toutes vos dames. Je vous embrasse bien tendrement, et vous prie de disposer de moi en tout ce que je pourrai faire pour vous témoigner mon dévouement sincère et inviolable.
- ↑ Correspondance inédite de Voltaire avec P.—M. Hennin, 1825.