Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6645

Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 2-3).

6645. — À M. DAMILAVILLE.
2 janvier 1767.

Vous devez être actuellement bien instruit, mon cher et vertueux ami, du malheur qui m’est arrivé[1] : c’est une bombe qui m’est tombée sur la tête, mais elle n’écrasera ni mon innocence ni ma constance. Je ne peux vous rien dire de nouveau là-dessus parce que je n’ai encore aucune nouvelle.

J’ai éclairci tout avec M. le prince de Gallitzin : il n’y avait point de lettre de lui ; tout est parfaitement en règle ; et, dans quelque endroit que je sois, les Sirven auront de quoi faire leur voyage à Paris, et de quoi suivre leur procès. Vous pourrez, en attendant, envoyer copie du factum à Mme Denis, si M. de Beaumont ne le fait pas imprimer à Paris.

Vous aurez les Scythes incessamment, à condition qu’ils ne seront point joués ; et la raison en est que la pièce est injouable avec les acteurs que nous avons.

On m’a envoyé de Paris une pièce très-singulière, intitulée le Triumvirat ; mais ce qui m’a paru le plus mériter votre attention dans cet ouvrage, et celle de tous les gens qui pensent, c’est une histoire des proscriptions[2]. Elles commencent par celles des Hébreux, et finissent par celles des Cévennes ; ce morceau m’a paru très-curieux. Il me semble que la tragédie n’est faite que pour amener ce petit morceau ; la pièce d’ailleurs n’est point convenable à notre théâtre, attendu qu’il y a très-peu d’amour.

Adieu, mon cher ami ; vous devinez le triste état dans lequel nous sommes, Mme Denis et moi. Nous attendons de vos nouvelles ; écrivez à Mme Denis, au lieu d’écrire à M. Souchai, et songez, quoi qu’il arrive, à ècr. l’inf…

  1. Voyez, tome XLIV, lettre 6634.
  2. Voyez tome XXVI, page 1.