Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6566

Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 493).

6566. — À M. LE CHEVALIER DE TAULÈS.

Je n’ai cru, mon cher monsieur, qu’il fallait une permission de M. le duc de Choiseul qu’au cas qu’on niât les lettres écrites en 1744, et qu’on se servît du prétexte des dates erronées pour crier au faussaire. C’est une précaution que j’ai cru devoir prendre. Je l’ai soumise aux lumières de monsieur l’ambassadeur et aux vôtres, et à celles de M. Hennin. Ces pauvres natifs m’ont appris à ne rien faire de ma tête ; mais puisqu’on rend justice au caractère de Jean-Jacques, tout est fini. Il restait à faire voir que ce malheureux sophiste n’a pas écrit douze pages de suite où il y ait le sens commun, et qu’il n’y a jamais eu de réputation plus usurpée ; mais ce n’est pas là mon affaire. Je sais attendre, et j’attendrai surtout que les vingt-quatre perruques[1], qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, me rendent justice. Je suis assez content que vous me la rendiez. Il y a plus de repos dans mon cœur que dans Genève ; comptez, monsieur, qu’il y a aussi une amitié respectueuse pour vous dans ce vieux cœur que vous avez gagné.

Voltaire.

  1. Le petit conseil de la république de Genève était composé de vingt-cinq personnes.