Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6451
Votre vigne et votre laurier[1] sont très-ingénieux, mon cher président. Votre académie devient de jour en jour plus brillante ; il faut espérer que ces établissements feront beaucoup de bien aux provinces ; ils accoutumeront les hommes à penser, et à sacrifier les préjugés aux vérités. Les jeux floraux n’ont guère contribué qu’à perpétuer dans Toulouse le mauvais goût ; mais des prix donnés à des recherches utiles sont un véritable encouragement pour l’esprit humain.
Il y a, dans le recueil de l’Académie des belles-lettres de Paris, des mémoires qu’on cite dans toute l’Europe ; mais tous les compliments faits à l’Académie française sont oubliés, et c’est bien tout ce qui peut leur arriver de plus heureux.
Mon triste état augmente tous les jours ; et ce n’est pas seulement parce que j’ai bientôt soixante-treize ans, c’est parce que je suis né extrêmement faible.
Ipso fecit nos, et non ipsi nos.
Mme Denis, qui se porte bien, fera les honneurs à M. le marquis de La Tour du Pin, et je serai aussi sensible à ses bontés que si j’étais dans la force de l’âge.
Je n’ai point entendu parler de mon contemporain M. de La M arche[2].
Je vous supplie de vouloir bien présenter mes respects à M. Legoux[3]. Conservez-moi surtout vos bontés.