Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6442

Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 371-372).

6442. — À M. DAMILAVILLE.
1er auguste.

Nous vous remercions sensiblement, monsieur, des trois pièces que vous avez bien voulu nous envoyer, touchant le vingtième de Bresse et Bugey. La douleur de la mort de M. de Balarre[1], causée par de mauvais médecins qui n’ont pu s’accorder entre eux, a saisi votre ami de la plus vive douleur. Il est certain qu’on n’a point connu la maladie de ce pauvre enfant. Les médecins qui l’ont tué n’ont songé qu’à leur réputation et qu’à faire une expérience. Le mauvais régime a achevé ce que ces indignes médecins avaient commencé. Heureux qui n’a point affaire avec ces messieurs-là ! La sobriété peut contribuer beaucoup à nous empêcher de tomber entre leurs mains.

Nos amis vous prient de nous envoyer votre sentiment sur la manufacture qu’on veut établir.

Savez-vous que les médiateurs de Genève ont donné une déclaration publique dans laquelle ils certifient que Rousseau est un infâme calomniateur ? Voilà la qualification qu’il reçoit à la fois de la France et des deux cantons suisses[2]. Ne trouvez-vous pas que le petit Jean-Jacques devient tous les jours un important personnage ? Son orgueil sera un peu humilié. Il serait bien plus fâché s’il savait à quel point ses ouvrages tombent tous les jours dans le décri.

Vos amis vous font les plus tendres compliments.

Votre très-humble, etc.


Boursier et compagnie.

  1. Le chevalier de La Barre.
  2. voyez page 198, et ci-après lettre 6454.