Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6403

Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 338-339).

6403. — À M. ÉLIE DE BEAUMONT.
Aux eaux de Rolle, le 14 juillet.

Êtes-vous, mon cher Cicéron, de nombre de ceux qui ont fait une consultation en faveur de l’humanité, contre une cruauté indigne de ce siècle ? Vous en êtes bien capable. Je vous en révérerai et aimerai bien davantage. Vous auriez fait encore plus si vous aviez lu la relation véritable que M. Damilaville doit vous communiquer. Que vous avez bien raison de faire voir que notre jurisprudence criminelle est encore bien barbare ! Ne vous découragez point, mon cher Cicéron, de tout ce que vous voyez ; donnez, au nom de Dieu, votre mémoire pour les Sirven, dussiez-vous ne point obtenir d’attribution déjuges. Je vous répète que ce mémoire sera votre chef-d’œuvre, qu’il mettra le comble à votre réputation ; et quant aux Sirven, ils seront toujours assez justifiés dans l’Europe.

Soyez toujours le défenseur de l’innocence et de la raison ; rendez les hommes meilleurs et plus éclairés : c’est votre vocation. Soyez surtout heureux vous-même avec votre digne épouse. Mon cœur est à vous, et mon esprit est le client du vôtre.