Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 6039

Correspondance de Voltaire/1765
Correspondance : année 1765GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 575-576).

6039. — À M. DAMILAVILLE[1].
31 mai 1765.

J’écrivis hier à mon cher frère, à son adresse, et je lui envoyai les réponses de M. Tronchin[2]. Je lui écrivis il y a quelques jours un petit billet par M. Héron, et un autre par M. d’Argental.

Il doit être instruit du juste sujet de mes inquiétudes ; il doit savoir qu’un gros paquet envoyé à M. Gaudet a été intercepté.

Il est à croire qu’une lettre, envoyée depuis sous le couvert de M. Gaudet, a été interceptée encore. Dans cette lettre, on avertissait mon cher frère que des gens malintentionnés avaient été alarmés de son commerce avec Genève ; qu’on avait ouvert ses lettres depuis plus de six semaines. On donnait l’adresse de M. Camp, banquier à Lyon. Mais comme il y a beaucoup d’apparence que si mon frère a reçu cette lettre, elle a été ouverte, et que si elle ne lui est pas parvenue, on ouvrira toutes les lettres adressées à M. Camp, il faudra prendre d’autres mesures. Je supplie donc mon cher frère de m’instruire de tout ce qui se passe, de me mander quelles lettres il a reçues de moi depuis plus de quinze jours, et d’adresser son paquet à Mlle Sainton, à Lyon. Il faudra, sous l’enveloppe de Mlle Sainton, écrire simplement : « À madame Racle[3], à Genève. » Les lettres qui arriveront pour Mme Racle me seront rendues.

Mandez-moi donc, sous cette adresse, tout ce que vous avez sur le cœur ; et croyez que le mien est aussi pénétré de tendresse pour vous que de douleur.

  1. Éditeurs, Bavoux et François.
  2. Voyez la lettre du 30 mai.
  3. Femme de l’architecte de Ferney.