Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 6036

Correspondance de Voltaire/1765
Correspondance : année 1765GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 572-573).

6036. — À M. GOLDONI.
À Genève, 29 mai.

Je n’ai reçu, monsieur, le paquet et la lettre dont vous m’avez honoré que depuis deux jours, à mon retour des bains de Suisse, où j’avais été obligé d’aller pour ma très-mauvaise santé et pour des fluxions sur les yeux, que je dois au voisinage des Alpes. Vous vous doutez bien que je fais tous mes efforts pour recouvrer la vue quand j’ai vos ouvrages à lire. Je sens bien que je serai privé de la consolation de vous posséder dans ma retraite suisse ; mais je préfère votre bonheur à mon plaisir. Vous voilà attaché à une grande princesse[1] qui sentira tout votre mérite. Il est connu partout, mais il sera récompensé en France. Le théâtre aura fait votre réputation, et vos mœurs aimables contribueront à faire votre fortune.

Comptez, monsieur, sur les sentiments qui m’attacheront à vous tant que je vivrai. Je sais trop combien votre personne est digne de vos ouvrages, pour ne pas vous aimer tendrement.

  1. Madame Adélaïde, fille de Louis XV. Goldoni venait d’être nommé lecteur et maître d’italien de Mesdames de France.