Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5800

Correspondance : année 1764GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 357-358).

5800. — À M.  DUCLOS.
Aux Délices, 20 octobre.

Mon cher et illustre confrère, la calomnie persécutera donc toujours ces malheureux philosophes ! On s’obstine à m’imputer dans Paris et à Versailles je ne sais quelle rapsodie, intitulée Dictionnaire philosophique portatif, qu’assurément on ne m’attribue pas dans Genève. On sait assez que c’est un recueil de diverses pièces, dont quelques-unes sont du rabbinisme. On y connaît les auteurs de divers articles : on m’a même communiqué depuis peu les originaux de quelques-unes de ces dissertations écrites de la main de leurs auteurs. On ne peut avoir une justification plus complète. Je crois devoir à l’Académie cette protestation que je fais entre vos mains. Je me flatte que mes confrères me rendront justice. Je pourrais me lamenter sur la persécution qu’on suscite à un solitaire âgé de soixante-onze ans, accablé d’infirmités et presque aveugle ; mais il faut que les philosophes aient un peu de courage, et ne se lamentent jamais. J’embrasse de tout mon cœur notre illustre secrétaire.