Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5660

Correspondance : année 1764GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 228).

5660. — À M. COLINI.
Aux Délices, 28 mai.

Mon cher confrère en historiographie, je crois que vous avez été très-content de notre confrère M. Mallet[1], qui s’en va historiographer le landgraviat de Hesse. Je vous présente toujours quelque étranger : en voici un[2] qui a une autre sorte de mérite ; mais vraiment il n’est point étranger à Manheim ; c’est un Palatin : il est vrai qu’il est réformé, et qu’il demande une cure réformée. Vous ne vous mêlez pas de ces œuvres pies ou impies, ni moi non plus. Il m’est fortement recommandé, et je vous le recommande autant que je peux. Dites-lui du moins comment il faut s’y prendre pour obtenir l’honneur de brailler en allemand pour de l’argent ; indiquez-lui la route qu’en vérité je ne connais pas. Je vous écris de ma main ; mais c’est avec une difficulté extrême : ma fluxion s’est jetée sur la gorge, et m’empêche de dicter. Je ne sais pas comment je suis en vie avec tous les maux qui m’assiégent : ils n’ont point encore pris sur l’âme, et ils laissent surtout des sentiments à un cœur qui est à vous.

  1. Voyez page 171.
  2. Sur la recommandation de Voltaire, Hilspach fut fait ministre réformé à Baumenthal. (Note de Colini.)