Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5587
Mon cher frère, je vous prie de me mander s’il est vrai qu’on va jouer Olympie ; si les Moyens de rappel en faveur des huguenots[1] est un bon livre, si on peut avoir le mandement de Christophe[2], et celui du doux Caveyrac[3] ; si l’ouvrage attribué à Saint-Évremont produit quelque bon fruit dans le monde ; si vous avez reçu un petit billet[4] que j’écrivais à Mariette, dans lequel je l’avertissais que monsieur le premier président de Dijon avait envoyé f… f… mon adverse partie ; si on continue ou si on abandonne le procès de la pauvre Calas, etc., etc., etc.
Je crois que frère Berthier a passé aujourd’hui auprès de chez moi pour aller à Soleure. Je suis très-fâché de ne lui avoir pas donné à dîner ; j’avais quelques Anglais avec moi qui auraient augmenté le plaisir de l’entrevue. Nous étions quinze à table, et je remarquais avec douleur que, excepté moi, il n’y en avait pas un qui fût chrétien. Cela m’arrive tous les jours : c’est un de mes grands chagrins. Vous ne sauriez croire à quel point cette maudite philosophie a corrompu le monde : la révolution des jésuites est bien moins étonnante et moins grande.
Mon frère, écr. l’inf…